Centuria - T1

Une fois le panthéon d’un genre gravé dans le marbre à jamais, le regard s’attarde inévitablement dans les ombres pour tenter d’y déceler son prochain héritier.

Ce genre, c’est la dark fantasy. Sur le trône se tient l’inébranlable Berserk. Depuis que la série fut reconnue à l’unanimité meilleure du genre, on s’épuise à en chercher des disciples, des descendants, des itérations suffisamment puissantes pour tenir à ses côtés, voire pour prendre la relève. Contrairement à certaines séries auxquelles l’étiquette fut un peu trop artificiellement collée, il semblerait que Centuria ait les épaules pour une telle tâche.

Extrait de Centuria T.1 (Tohru Kuramori, Kurokawa, 2025) : un manga de dark fantasy héritier de Berserk© Kurokawa - Tohru Kuramori

Centuria 21

La série cumule immédiatement trois immenses points forts : un style visuel efficace et maîtrisé, qui attire immédiatement l’attention dans des explosions de violence ténébreuses. Un univers sombre et cohérent dans lequel il est plaisant de s’enfoncer, ainsi que des tensions dramatiques adroites qui se détachent des accroches narratives dont nous sommes trop coutumiers. Tout ceci culmine dans une gigantesque leçon sur la valeur de la vie entrecoupée de massacres, nés d’une nécessitée de survie et de perpétuation inaliénables. Julian ne peut que se débattre. Vendu comme esclave puis sacrifié pour de l’argent supplémentaire, il hérite à la fois de la bénédiction des eaux et des 100 vies de ses camarades massacrés. À lui d’en faire bon usage pour élever Diana, tout juste nouveau-née, et pour éviter les persécutions d’autres divinités naturelles en conflit avec celle qui lui a donné une seconde chance. Cette nouvelle famille atypique, bien loin des archétypes attendus, va faire face pour survivre à cet enfer, dans le chaos des esprits.

Article publié dans le Mag ZOO Manga N°20 Juillet-Août 2025