Après avoir enquêté dans le milieu du vin, la psychiatre Eva Rojas se retrouve mêlée à la mort d’un skinhead pendant sa recherche d’un footballeur disparu. Lafebre reprend ce qui a fait le succès de Je suis leur silence avec presque autant de bonheur.
Bonne nouvelle ! La jeune psy brillante et barge découverte dans Je suis leur silence est de retour. Jordi Lafebre remet les couverts pour une recette dans laquelle il reprend en partie les mêmes ingrédients : outre Eva, on retrouve son propre psy, le Dr Llull, la femme flic sosie d’Angela Merkel, l’inspecteur beau gosse ; et bien sûr les ancêtres d'Eva ou du moins, deux des trois femmes vues dans le tome 1. Elles n'existent toujours que dans son imagination... Si une n’apparaît pas ici, elle est avantageusement remplacée par une grand-mère qui a le don pour la remarque qui tue ! Un personnage nouveau fait une entrée réussie dans ce petit monde : la mère d'Eva. En voyant la mère, on comprend mieux la fille…

Planche extraite de l'album "Je suis un ange perdu T.2" © Dargaud
Lafebre n’a pas perdu son savoir-faire : le ton est enlevé, les dialogues font mouche et la trame policière est encore le prétexte à une comédie de mœurs traitant sur un ton apparemment léger des faits de société. On adhère sans peine au propos, mais on peut regretter que l’auteur ait un peu trop balisé le terrain : les indices étant évidents, on devine très vite ce que cache la disparition d'une étoile montante du foot barcelonais.
N'en tenons pas rigueur à l'artiste qui sait nous entraîner dans les digressions d'Eva, avec sa verve et un dessin toujours aussi virtuose. Chaque case est un régal dans le traitement du jeu des acteurs. La mise en page est classique, efficace et la lecture fluide. On attend donc la troisième histoire qui verra revenir Eva pour une ultime enquête déjantée.
Article publié dans le mag ZOO n°106 Septembre-Octobre 2025