C'est où le plus loin d'ici ? - T2 : En lieu sûr

Depuis longtemps, le monde que nous connaissions a cessé d'exister. Les adultes ont disparu et les enfants vivent désormais au sein de diverses tribus, sous la surveillance des mystérieux « Étrangers » qui les nourrissent et les protègent des créatures qui rodent la nuit…

Dans une ambiance post-apocalyptique, l’ensemble de la zone connue est partagé en plusieurs parcelles, toutes contrôlées par des bandes d’ados et d’enfants qui respectent tous les mêmes règles : ne pas offenser les « Étrangers », ne pas héberger « d’adulte », respecter le territoire des autres et ne pas sortir la nuit. Au fil des années, chaque groupe a évolué au gré des arrivées de nourrissons que leur confient leurs maîtres et des départs de ceux qui atteignent la majorité.

Coupés de toute forme d’éducation ou d’information, ils grandissent en ignorant ce qui s’est réellement passé sans avoir pour autant les moyens ou simplement l’envie de se rebeller, confiant dans la sécurité de leur petite communauté, cette famille de substitution qui les rassure dans le culte de ces êtres qui les observent en silence. Toutefois, un jour, au sein de ceux qu’on appelle « l’Académie », une jeune fille, Sid, enceinte jusqu’au cou, s’interroge. Elle vient de récupérer une carte où sont indiqués les différents domaines, elle est sûre qu’il peut y avoir autre chose au-delà de ces frontières. Indépendante de nature, elle décide d’aller voir par elle-même. Le lendemain, découvrant sa disparition, ses amis, Alabama, Pufrock, Mallory, Obéron… partent à sa recherche, quitte à affronter les autres communautés.

Planche extraite de l'album "C'est où le plus loin d'ici T.2" le dernier album de Matthew Rosenberg © Casterman

Un pour tous et tous pour un

Ainsi, s’il est important de survivre à tout prix, de prendre des décisions importantes, l’esprit de cohésion l’est tout autant. Tout au long de ces deux premiers volumes, nous découvrons des compagnons de route soudés qui cherchent à reconstruire cette cellule familiale disloquée qui a longtemps été la seule forme de structure organisée qu’ils aient connue. Ils se rendent malgré tout compte qu’au-delà du lieu où ils ont vécu jusque-là, le plus important reste ce lien indéfectible qui les rassemble.

Si Rosenberg n’apporte pas forcément d’originalité au thème de la survie dans un monde agressif, il rythme néanmoins son récit avec beaucoup d’intelligence et de finesse, confrontant ses personnages à leurs propres limites au fil des rebondissements.

Les contours de cet univers gardent encore tous leurs mystères, il faudra attendre la suite pour en savoir plus. Malgré tout, on est happé par l’intensité du récit. Une belle surprise.

Article publié dans le mag ZOO n°106 Septembre-Octobre 2025