Un si gentil garçon...

Un survivant sans scrupules, un saloon en ébullition, et un héros qui trompe tout le monde : ce western crépusculaire dégaine ses cartes comme ses balles, sans jamais laisser le lecteur respirer. Le début passionnant d’une nouvelle série.

En 1871, une diligence est attaquée par une bande de malfaiteurs. Tous les passagers, ainsi que le conducteur, sont laissés pour morts. Le shérif de la ville voisine intervient et découvre qu’un des voyageurs n’est en réalité qu’évanoui. Il le recueille chez lui.

À son réveil, le jeune rescapé usurpe l’identité du neveu d’une passagère récemment décédée. Il s’est emparé de ses affaires pendant l’assaut, parmi lesquelles une lettre destinée à son véritable neveu, Edward Pump. Remis de ses blessures, il profite de sa convalescence pour séduire la femme du shérif. Une fois rétabli, il doit travailler et trouve un emploi de garçon de ménage dans le saloon du village. L’établissement appartient à un propriétaire maniéré et peu sympathique, épaulé par un barman jovial mais un peu simplet.

Au cours d’une partie de poker, le jeune homme remarque qu’un joueur s’appuie sur une cache dissimulée dans la table pour tricher. Face à lui, un colosse perd coup sur coup, jusqu’à se faire dépouiller. Ce malheureux n’est autre que le fils du plus puissant éleveur de la région. Edward profite de l’occasion pour lui dévoiler la supercherie. Ensemble, ils montent un stratagème et, lors de la partie suivante, parviennent à prendre le tricheur en flagrant délit. En un seul coup, Edward déjoue l’arnaque et gagne la confiance d’un allié de taille.

Le début de la supercherie pour notre personnage principal...
© Anspach 2025

L’idée de ce western s’inspire de la biographie de Donald Trump. Son grand-père, Fred, quitta l’Allemagne à seize ans pour émigrer en Amérique. Il finit par s’installer en Colombie-Britannique où il dirigea un saloon prospère, fréquenté par les chercheurs d’or. Le personnage principal, très librement inspiré de ce modèle, porte un nom évoquant à la fois Trump et un héros issu de la série Jo, Zette et Jocko d’Hergé : Pump. La référence à la bande dessinée ne s’arrête pas là : le protagoniste rappelle aussi Angel Face, figure marquante de la saga Blueberry.

Le scénario de Rodolphe, rythmé et riche en rebondissements, met en scène des personnages aux caractères bien définis. Le choix d’un héros vicieux et sans scrupules confère au récit une saveur particulière, malgré le fait que l’action se déroule principalement dans le huis clos du saloon.

Laurent Gnoni, collaborateur régulier du scénariste, signe ici l’un de ses meilleurs albums. Son découpage classique assure une grande clarté narrative, tandis que son trait réaliste, influencé autant par certains comics que par Franck Biancarelli, apporte une vraie puissance graphique. Le héros, au visage d’ange, inspire la confiance mais agit comme le pire des gougnafiers. Ce contraste renforce la force du récit.

Le lecteur, captivé, referme l’album avec l’envie pressante de découvrir la suite…