Aisha et Aida, jumelles endeuillées par la perte de leur mère, voient leur vie bouleversée lorsque leur père annonce son remariage. Rapidement, une belle-mère, accompagnée de ses trois fils, s'installe dans le manoir familial des Dimucci. Méfiantes et prêtes à tout pour protéger leur père et leur héritage, les jumelles multiplient les stratagèmes pour se débarrasser de ces intrus. Mais leurs efforts s'avèrent vains face à la détermination de la nouvelle famille à s'enraciner dans leur demeure.
Aisha, passionnée de Littérature, ne peut s'empêcher de voir en sa belle-mère le reflet inquiétant des méchantes de ses contes. Dans ce vieux manoir, se déroule un récit mêlant amour et haine, vengeance et romance, tissant un conte de fées sanglant. Un chef-d'oeuvre visuel et narratif qui bouleverse et fascine.
Aisha - T1 : Contes d'amours et de massacres
Le synopsis de l'album Contes d'amours et de massacres
L'heure de rendre des comptes est venue
Kotoon fait un choix très intéressant en optant pour la publication d’Aisha, un récit aux antipodes des webtoons de sa collection.
Un auteur et son éditeur disposent de nombreux outils pour attirer l’attention. La technique la plus complexe à maîtriser est, finalement, celle que l’on perçoit en premier : la couverture. Une couverture banale vous assure d’une sortie noyée parmi l’infinité d’autres titres qui la jouxtent. À l’inverse, une couverture trop osée peut rebuter un public frileux ou indécis. Aisha, sous-titré « contes d’amour et de massacre », interpelle immédiatement par cet aspect qui promettant un mélange de DRCL et de .
Extrait de "Aisha - Tome 1 - Contes d'amours et de massacres" de Fajite
© Komogi 2025
Prémisses promises
Ce récit dynastique associe un malaise visuel aussi immédiat que diffus, terriblement bien renforcé tout au long de l’album, avec une ambiance lourde et menaçante que rehausse une progression lente apte à nous maintenir sur nos gardes. Baignant dans une surcharge victorienne qui nous force à scruter le flou éthéré constant mis en place par l’autrice, chaque interaction est porteuse de son conflit larvé qu’on se prend à extrapoler autant qu’à ressentir. À la manière des surimpressions évanescentes de formes fantomatiques sur de vieux clichés photographiques d’époque, le récit nous emmène vivre l’évolution d’une maisonnée de la haute société, entre vanité possessive et perturbations anodines pourtant surchargées en appréhensions.
Évanescence programmée
En effet, au sein de la riche mais déclinante famille Dimucci naissent deux soeurs jumelles auteint de porcelaine et aux cheveux argentés : Aisha et Aida. Ressemblantes en tout point, elles diffèrent profondément par leurs caractères opposés. L’une est exubérante et sociale tandis que l’autre se plonge uniquement dans ses lectures. Toutes deux se retrouvent dans leur amour inconditionnel pour leur père, veuf qui a redirigé son affection vers ses filles. Cet amour est ébranlé lorsqu’apparaissent une belle-mère et ses trois turbulents fils.
Extrait de "Aisha - Tome 1 - Contes d'amours et de massacres" de Fajite
© Komogi 2025
Diaphane de la première heure
Les éléments initiaux du récit nous poussent à rechercher les traces de malveillance qu’on s’attendrait à voir sourdre à tous les coins de page mais toute lecture peut être façonnée par nos attentes. Qui dit conte gothique ne veut pas dire nécessairement « horreur pure ». L’autrice joue extrêmement bien avec nos a priori, faisant naître l’angoisse à partir de subtiles difformités. Et au fur et à mesure, les problématiques familiales apparaissent au grand jour. Si ce volume ressemble à un long préambule, il n’en pose pas moins les bases d’une situation fragile et fascinante dont la suite nous appelle ardemment.
Article publié dans ZOO Manga N°22 Novembre-Décembre 2025
Haut de page