Madeleine n'est plus. Mais elle reste vivante grâce à Morvan et Bertail ! Ce premier album publié depuis le décès de Madeleine Riffaud à l'âge vénérable de 100 ans se concentre sur une poignée de journées de la Libération de Paris. Bluffant.
Des jours plus que tendus, pendant lesquels l'enthousiasme côtoie le tragique, laissant le lecteur les nerfs à vif. JD Morvan et Dominique Bertail restituent superbement cette ambiance mi-crépusculaire mi « aube nouvelle ». Les Nazis sont sur le point de perdre. Mais un Allemand ou un milicien en embuscade peut faucher une vie, souvent très jeune, quand on ne s'y attend pas... ou quand on ne le redoute que trop. Le découpage parfaitement maîtrisé nous entraîne dans une montagne russe d'émotions sur la centaine de pages qui composent ce récit.

Un album important qui témoigne de la véritable histoire de Madeleine Riffaud, résistante
© Dupuis, 2025
Bertail s'en donne à cœur joie dans le dessin. Il n'a plus la deadline du quatre-vingtième anniversaire de la Libération de Paris comme pour le tome 3, aussi il a pu peaufiner le dessin comme il le souhaitait. Et il nous régale de scènes dans un Paris sous les barricades. Il use de son célèbre bleu (éclipsant le bleu de Klein !) pour rendre des ambiances tour à tour inquiétantes, tourmentées, violentes mais aussi emplies d'espoir.
Mentionnons la couverture où Madeleine et deux de ses amis de combat sont sur une barricade, avec un jeu de lumière provoqué par les branches d'arbre qui les surplombent. L'ombre et la lumière dans une période plus que troublée…
On a la boule au ventre en circulant avec Madeleine, alias Rainer, dans les rues de Paris. On ressent ses émotions, voire son absence d'émotion quand, en plein choc post-traumatique, elle fonce vers un danger qui semble n'avoir plus aucune importance pour elle.
Madeleine croise des jeunes femmes et des jeunes hommes qui ont mûri dans des conditions extrêmes. Parmi eux son "petit page" Max, Manuel, Darcourt, Fénestrelle (qui la trouble visiblement), l'attachant violoniste Barbier... Mais aussi l'inconsciente Lucette. Certains survivront, d'autres tomberont sous les balles.
Les documents et témoignages publiés à la fin ajoutent leur lot d'émotions. Chapeau, les artistes. Respect, Rainer.