Sous le soleil brûlant de l’Ouest américain, la mémoire d’une femme tatouée refait surface. Entre ombre et lumière, la bande dessinée retrace le destin d’Olive Oatman, partagée entre deux mondes et deux identités.
Au XIXème siècle, aux Etats-Unis, deux hommes recherchent tous les exemplaires du livre « La captivité des sœurs Oatman ». Ils vont de village en village et toquent à toutes les portes pour les racheter aux habitants puis ils vont les revendre à un riche fermier. L’un d’eux, seul à savoir lire, se laisse fasciner par le récit qu’il découvre au fil des pages.
L’ouvrage raconte l’histoire d’un convoi de pionniers partis vers l’Ouest, attaqués par des Indiens Yavapais. Ces derniers massacrent la caravane entière, à l’exception de deux jeunes sœurs qu’ils réduisent en esclavage. Pendant un an, les captives subissent des tâches épuisantes et des mauvais traitements. Plus tard, elles sont échangées et rejoignent une tribu Mohave, où leur sort s’adoucit. Adoptées par un couple, elles finissent par s’intégrer pleinement à la communauté et vivent en harmonie avec les habitants du village.

Planche extraite de Blue Tattoo, dessinée par Pierre-Emmanuel Dequest, évoquant le Far West américain.
© La Boîte à Bulles 2025
Rodolphe s’inspire de l’histoire authentique d’Olive Oatman, cette femme marquée au visage par les tatouages mohaves, revenue parmi les siens après cinq années passées chez les Indiens. Le scénariste construit son récit sur deux temporalités : il raconte à la fois la captivité des sœurs et, parallèlement, la rencontre entre un cow-boy et Olive Oatman, une fois celle-ci réinstallée dans la société blanche. Ces allers-retours entre les deux époques donnent de la profondeur au récit et éclairent le riche parcours de vie de l’héroïne. Cette structure narrative offre une lecture à double niveau, à la fois historique et psychologique.
Le dessin réaliste de Pierre-Henri Dequest sert parfaitement le propos. La mise en page, claire et équilibrée, rend la lecture fluide. Les teintes chaudes traduisent la chaleur des paysages et renforcent l’immersion. Les personnages sont solidement dessinés, avec un style classique qui confère à l’album une certaine élégance. On peut toutefois regretter un trait noir un peu léger, qui atténue parfois la vigueur des scènes d’action. Malgré cela, l’album se lit avec plaisir et redonne vie à une histoire qui, du temps d’Olive Oatman, avait déjà captivé tout un public.