Tout au long du siècle dernier, le vingtième, l'une des traditions estivales consistait à s'adresser des mots écrits à la main sur des petits bouts de carton : la carte postale ! Elle jouait franc jeu, s'exposant à la vue de tous. Elle ne cultivait pas le secret. Elle faisait étalage de son bonheur, s'amusant à susciter la jalousie.
Au verso, on pouvait profiter d'une vue en couleurs : le casino de Royan, la Promenade des Anglais ou un coucher de soleil sur Pornichet. D'autres fois, c'était un âne, une vache ou un verrat avec un soutien-gorge... La légende disait «Vachement bonnes vacances ! », « Bonne ânée ! » ou « Ben mon cochon ! ». On savait rire.
Ce sont ces petits bouts de carton que s'envoient consciencieusement les Rouchon et les Brochon durant leurs vacances. Ainsi se tisse leur vie qui se rêve idéale, même si elle se dévoile insignifiante, étriquée, conventionnelle.