Suites Algériennes - T2 : Suites algériennes - 1962-2019 seconde partie

Après les 10 tomes consacrés aux 132 ans (1830-1962) de l’Algérie française, Ferrandez réalise deux longs épisodes (environ 150 pages chacun) consacrés à la période post-coloniale. Le présent ouvrage, douzième de la série conclut cette saga qui a débuté en 1987. Un moment émouvant où l'on retrouve les héritiers des familles suivies avec une description très précise du contexte social et politique du pays.

D’origine pieds-noirs, l'auteur voulait initialement raconter les années fastes de la France en Algérie, puis il s’est décidé à réaliser quelques albums sur la guerre et la décolonisation. Enfin, une dizaine d’années après avoir conclu ce cycle, il revient avec deux BD se déroulant entre 1962 et 2019. Cette série parfaitement documentée est un véritable témoignage. Ne prendant pas partie, elle tente de décrire objectivement les faits. On comprend comment, pendant cette période récente, le gouvernement algérien fonctionne. Les différentes forces en présence sont décrites et prennent part au récit : d’un coté les extrémistes religieux et de l’autres les militaires avec les différentes factions au sein de ces deux groupes.

© Casterman, 2023

Dans ce cadre historique, Ferrandez fait intervenir plusieurs personnages issus de familles suivies depuis de nombreux épisodes. Paul-Yanis, journaliste de la télévision française d’origine franco-algérienne, vient faire un reportage pendant la guerre civile des années 90. Il rencontre Nour dont il tombe amoureux. Mis au placard par son employeur lors de son retour à Paris, il repart en vacances dans le pays pour y retrouver sa belle. À son arrivée, il est enlevé par un groupuscule issu du Front Islamique du Salut mené par le fils du général Bouzid, un des principaux adversaires des extrémistes.

Le style graphique de Jacques Ferrandez a peu évolué tout au long des années. Il a un dessin efficace dans lequel les couleurs jouent un rôle majeur. Sur les terres africaines, les teintes claires baignent les cases, la chaleur des lieux transparait dans l’image. L’auteur continue à placer quelques aquarelles au milieu du récit, mais un peu moins que dans les premiers épisodes.

Une très belle série conclue de manière magistrale. Elle devrait être recommandée aux lycéens, ils comprendraient probablement un peu mieux l’histoire récente et les relations franco-algériennes.