Il est aussi cruel qu’attachant. Normal, c’est un chat. Qu’on ne surnomme pas le meilleur ami de l’Homme, car un de ses plus fidèles concurrents lui vole souvent la vedette. C’est pourtant bien le félin qui fait rire son maître par sa perspicacité, ses caprices, son indépendance et ses choix de vie radicaux.
L’adaptation est très fidèle au livre original. Les adeptes des aventures rocambolesques du Journal d’un chat assassin ne pouvaient espérer meilleure mise en case. Au fil de ses journées aussi remplies que son estomac l’est de mulots, grenouilles et autres réjouissances, le lecteur suit à la trace ce gros matou, de sa gamelle à sa chatière. Dans un humour aussi fin qu’un sachet-fraîcheur.
C’est drôle, plein de vie et tous les amateurs de félins se réjouiront de partager les journées de ce chat cruel mais attendrissant. Il terrorise son voisin le lapin, fait la misère aux oiseaux, traque les souris qui finissent en sandwich dans son gros bidon. Peu lui importe ce que pensent les humains, car ce que chat veut…
Le choix des pastels est adéquat. Le trait rond et enlevé devrait plaire aux plus jeunes comme à leurs aînés, car c’était le cas du roman original d’Anne Fine, déjà illustré par Véronique Deiss. Dans son adaptation, que tout lecteur de BD a pu imaginer un jour en lisant ce pilier de la littérature jeunesse, la dessinatrice se glisse d’autant plus dans les pas de l’auteur. Graphiquement, elle en tire le meilleur.
Un bon texte ne fait pas forcément une bonne BD. Mais c’est bien ce qui se passe dans le quotidien criminel de ce gros greffier vorace et sans vergogne. Croqueur, il est aussi croqué avec envie, gourmandise et facétie. Meilleur album de la rentrée littéraire… dans les gouttières.