Les Ages Perdus - T3 : L'Infini Vagabond

Dans ce troisième tome des Âmes perdues, l’odyssée d’Elaine de Moor se poursuit, entre légendes disparues et affrontements tribaux. Portée par la mémoire de son père, elle progresse dans sa quête du savoir ancestral lié à la culture des céréales.

Ce troisième volet d’une tétralogie uchronique nous plonge dans un monde ayant survécu à une apocalypse survenue en l’an mille. Dans cet univers, les civilisations subsistantes vivent dans des conditions proches de la fin de la Préhistoire. Elaine de Moor, une jeune femme issue d’un clan nomade d’Anglia décimé, entreprend un périple après avoir traversé la Manche de façon spectaculaire. En chemin, elle rencontre Mara, une arpenteuse, qu’elle entraîne dans sa quête des savoirs anciens. Avant de mourir, le père d’Elaine lui a transmis quelques feuillets d’un incunable révélant que l’homme pouvait cultiver la terre et ainsi abandonner sa condition de chasseur-cueilleur. Mara lui propose alors de rejoindre l’Infini Vagabond, un lieu où le doyen de sa caste pourrait être en mesure de déchiffrer ces précieuses pages. Au terme d’un voyage semé d’embûches, de combats contre diverses castes et de rencontres avec des bêtes redoutables, les deux femmes atteignent enfin leur destination. Guerrières déterminées, elles surmontent les épreuves avec courage, tandis que leurs compagnons tombent les uns après les autres. Le doyen leur révèle alors l’existence d’une cité oubliée : celle du Roi-Taon, unique exemple connu de société sédentaire.

Les Âges perdus T.3 L'infini vagabond © Dargaud

Les deux premiers albums, parus respectivement en 2021 et 2022, avaient suscité l’intérêt, mais la suite s’est longuement fait attendre. Didier Poli, dessinateur originel de la série, a sans doute été ralenti par ses activités dans l’animation. Pour ce tome, il a été épaulé par Luca Bulgheroni. Si le style graphique reste cohérent, quelques légers changements dans la physionomie des personnages se font sentir, sans nuire à la lecture. La mise en page dynamique, avec des enchaînements de plans évoquant le cinéma d’action, demeure une force de la série, amplifiée par la superbe mise en couleurs de Bruno Tati.

Côté scénario, l'intrigue prend parfois des détours un peu longs, avec des confrontations additionnelles entre clans, là où trois tomes auraient peut-être suffi à conclure l’histoire. Néanmoins, l’ensemble reste bien structuré, porté par des personnages atypiques, souvent alliés à des animaux tels que les loups ou les corbeaux. Le récit tient de la fable, certaines invraisemblances se glissant dans l’intrigue sans vraiment troubler le rythme soutenu, qui captera l’attention du lecteur.

Souhaitons que le quatrième et dernier tome paraisse prochainement, afin de clore dignement cette aventure originale.