Dans les pas de vos héros en Île-de-France
Le quotidien Le Parisien a publié le 26 décembre dernier une carte relativement complète de l’Île-de-France en bande dessinée. Si vous avez toujours rêvé de v
6 janvier 2015
-Actualité
Décembre 1957, Burma en tient une sévère, de grippe, qu’il tente de traiter avec le dernier médicament à la mode des laboratoires Manchol. Mais n’ayant pas pour habitude de baisser les bras devant l’adversité, il consent tout de même à recevoir une nouvelle cliente, du genre bourgeoise qui n’a pas froid aux yeux. Quelle n’est pas sa surprise quand elle lui révèle son identité... Madame Manchol ! S’ensuit une enquête dans les coulisses des laboratoires pharmaceutiques, où il sera question de gros sous, bien sûr, et de maltraitance animale.
Nestor Burma avec Jacques Tardi au scénario et dessin est de retour. Direction le 14e arrondissement de Paris pour ce Rififi à Ménilmontant d’après Léo Malet. Va y avoir du cadavre en goguette et des animaux torturés au menu. On se trucide en famille et associés aigris ou traumatisés. Du Tardi dans le texte et l’image, format recadré, pas piqué des vers comme dirait Burma.
Jacques Tardi aime le XXe. Il y habite et le connait bien alors il l’a arpenté pour ce Burma : « J’avais réalisé des repérages dans le XIIIe à l’autre bout de Paris, certes un plaisir, mais comme j’habitais dans le XXe autant rester près de la maison. Malet n’a pas terminé ses nouveaux mystères de Paris et n’a jamais le fait le XXe ». Il a donné à Tardi le droit d’adapter ses personnages en BD, mais pas en roman. Pour cet épisode de près de 200 pages on va découvrir en 1957 deux familles aimantes qui s’entretuent, des Pères Noël, des bouchers en gros et des fabricants de médicaments bidons à base d’expérimentation animale sanglante. Sans oublier un clochard aviné La Biture « ancien tueur des abattoirs. Il est passé par le Stalag II B en 1940. J’aime bien faire des liens d’une histoire à l’autre. Le passé des personnages ça les enrichit ».
Du Rififi à Ménilmontant, TARDI, MALET © Casterman
Tardi rend aussi hommage au film de Dassin de 1955, Du Rififi chez les hommes adapté d’un roman de Auguste Le Breton qui en avait écrit le scénario : « J’avais revu ce film en DVD. La dernière séquence se déroule non loin de chez moi avec un gamin qui joue au cow-boy dans une grosse voiture américaine. La voiture dans le film s’arrête devant un café en évitant un passant. Ce qui va arriver à Burma ». Tardi voulait aussi « parler des abattoirs, de la souffrance animale, comment on se sert de façon horrible d’eux pour tester les médicaments ». Tardi n’est pas parti de rien pour son rififi : « Cette histoire je l’avais commencée sans penser au XXe. J’avais dessiné les quatre premières planches il y a une quinzaine d’années et laissé tomber. J’étais resté avec Burma enrhumé plus un Père Noël dans la rue. Je ne savais pas où j’allais. Je suis retombé sur ses planches en rangeant et j’ai décidé de continuer sans rien de plus en tête ».
Ce pauvre Burma, la goutte au nez va donc avoir dans son bureau la très aristo Nicole Manchol, des laboratoires, qui se suicide devant lui avec un pistolet avec lequel elle dit avoir dessoudé son mari peu avant. Et c’est parti. Son ennemi juré, le commissaire Faroux jubile. Burma s’est encore foutu dans la panade. Tardi écrit de façon très lâche son scénario « pour pouvoir injecter des éléments non prévus au départ. Sinon c’est ennuyeux. Ce qui m’intéresse c’est d’avancer avec Burma qui fait face à un élément perturbateur. Comment je vais l’utiliser, ou pas ? Est-ce que j’ai raison de m’en servir ? Oui, non, surtout pas parce que ça va m’entraîner je ne sais où ».
Du Rififi à Ménilmontant, TARDI, MALET © Casterman
On jubile avec ce Burma qui se gave de bonnes pilules Manchol, « un médicament déjà dans Griffu. Il y a un couple âgé chez eux. Sur une étagère un tube de Manchol. Manchol pour Manchette scénariste de Griffu ». Tout se recoupe. Ce Burma sera-t-il le dernier ? « Je n’en sais rien. C’est ce que je dis à chaque fois. Tout dépend de l’histoire, du thème, du déclencheur, si j’ai envie de dessiner tel coin. C’est comme ça que Malet procédait. Pour l’instant je n’ai pas de projets tout court, aucun ». Ce qui ne devrait pas durer. Jacques Tardi retrouvera bien quelques autres planches oubliées.