Klimt a peint deux tableaux de Judith. Voici l'histoire du troisième. San Francisco, 17 avril 1906. Caruso est aux Etats-Unis pour une série de concerts. Mais il est également contraint par la mafia italienne de servir de mule et convoyer un tableau de Klimt, l'une des " Trois Judith ". Alors qu'il chante pour un public conquis, au Palace Hotel, une femme de chambre découvre un colis mystérieux contenant le précieux tableau dans la suite du célèbre chanteur d'opéra. Embarquée dans une affaire qui la dépasse, elle est kidnappée par deux Italiens qui veulent récupérer le tableau et laisser son corps dans le quartier chinois pour provoquer des troubles entre les communautés. Caruso voit dans cet enlèvement la fin de ses ennuis. C'est alors qu'un incroyable tremblement de terre dévaste la ville...
San Francisco 1906 - T1 : Les trois Judith
Série : San Francisco 1906Tome : 1/2Éditeur : Grand Angle
Auteur : Damien Marie, Fabrice Meddour
Genres : Aventure, Historique
Public : À partir de 16 ans
Prix : 15.90€
- ZOO4.0
Scénario
4.0Dessin
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Le synopsis de l'album Les trois Judith
Au crépuscule d'une ville
Judith, cette veuve magnifique, tua le général assyrien Holopherne après un dangereux jeu de séduction en -609 avant notre ère. Un meurtre qu’immortalisera le peintre Gustav Klimt plus de deux millénaires plus tard. Un tableau convoité dans les rues insalubres de San Francisco. Nous sommes le 17 avril 1906, une date crépusculaire pour la ville.
On dit souvent que la réalité dépasse la fiction. En vérité, on le dit uniquement lorsque ce cas de figure arrive en se gardant bien de parler des autres cas où la fiction demeure non détrônée. Mais finalement, au lieu de les mettre en conflit, peut-être est-il plus judicieux de les associer ? Damien Marie et Fabrice Meddour (auteurs de Après l’Enfer publié chez Bamboo en 2019) s’adonnent astucieusement à l’exercice en mêlant une fiction à un événement bien réel : le séisme de San Francisco de 1906. Les destins croisés d’une femme de chambre, d’un chanteur d’opéra et d’un tableau de Gustav Klimt sont sur le point de s’y jouer. En voici le premier acte.
San Francisco 1906, les trois Judith © Grand Angle, 2024
Un XXe siècle sépia
Les années 1900 sont à l’honneur ! Si les Parisiens en parlaient comme d’une « Belle Époque », les Franciscanais n’en avaient sûrement pas le même commentaire. Aristocratie, prostitution, immigration, mafia… Attendez, c’est encore d’actualité ? Sauf qu’ici c’est en sépia ! La palette de couleurs de Fabrice Meddour restitue habilement l’ambiance photographique du début du xxe siècle, non sans parfois enfreindre la règle quand il s’agit de faire du Klimt ou lorsque l’ouvrage franchit le cap de la catastrophe… Le désastre comme marqueur naturel d’une modernité ? Après tout, James Cameron a fait du naufrage du Titanic un récit symbolisant la fin d’une époque et la naissance d’une nouvelle. Damien Marie et Fabrice Meddour donnent au séisme de San Francisco une fonction narrative très similaire.
San Francisco 1906, les trois Judith, © Grand Angle, 2024
Des vies entre gravats
Les personnages de cette intrigue sont des âmes en fuite. Ils fuient les affres de l’Ancien Monde, démons européens où noblesse, mafia, racisme et sexisme faisaient loi… pour découvrir que les mêmes fléaux gangrènent désormais le « Nouveau Monde ». Le chanteur d’opéra Enrico Caruso et une femme de chambre (dont le nom reste à découvrir) en font les frais dans une intrigue rondement menée ayant pour MacGuffin principal un tableau. Un tableau autour duquel la mafia italienne, la mafia chinoise et l’aristocratie s’entretueraient… D’habitude, c’est un personnage qui fait office de grain de sable dans ces engrenages infernaux de banditisme et de corruption. Ici, c’est un séisme qui joue le rôle d’un dramatique Deus Ex Machina naturel en détruisant presque tout. Que reste-t-il à faire le lendemain, sinon presque tout reconstruire ? Un « presque » qui va grandement dépendre des survivants.