Le dernier debout - Jack Johnson, fils d'esclaves et champion du monde

Nous revivons l'épopée du combat de boxe du siècle opposant Jack Johnson à James Jeffries en 1910 à Reno, résultant en la première victoire d'un champion du monde noir des poids lourds. À cette occasion, les auteurs dénoncent le racisme prévalant aux États-Unis à cette époque.

Ce roman graphique dense de 312 pages se structure autour du match. Chacun des 15 rounds est l'occasion de digressions qui relatent un épisode marquant de la vie de Johnson, cet athlète exceptionnel parvenu au sommet de son art. Issu d'une famille d'anciens esclaves, il s'est taillé une réputation à coups de poing.

Le Dernier debout © Futuropolis

Charismatique et passionné, que ce soit sur le ring ou au volant de sa voiture, Johnson se démarque et suscite la méfiance de la communauté blanche. Son penchant pour les femmes, notamment celles à la peau claire, le marginalise davantage et attise la jalousie de ses rivaux. Sa vie entière est une lutte pour être reconnu comme un être humain à part entière et vivre sur un pied d'égalité avec ses contemporains, symbolisant la résilience du peuple noir aux États-Unis durant le XXe siècle.

Le scénario de cet ouvrage est signé par Adrian Matejka, poète afro-américain faisant ici ses premiers pas dans le neuvième art. Après la publication en 2013 de The Big Smoke, recueil de poèmes consacré au légendaire Jack Johnson, il adapte maintenant son histoire en bande dessinée. Le rythme singulier de cet album, qui se déroule sur la durée d'un combat tout en alternant de nombreux flash-backs, est complété par un mélange astucieux de BD, d'illustrations et de prose. Néanmoins, la narration pourrait gagner en profondeur, certains passages s'étirant inutilement.

Le Dernier debout © Futuropolis

Youssef Daoudi, ancien professionnel de la communication, s'est tourné vers la bande dessinée au début des années 2000. Après avoir exploré des genres plus traditionnels, il s'oriente vers le roman graphique. Notamment en 2018, il signe un album remarqué sur Thelonious Monk, nominé aux Will Eisner Awards. Cette fois, il s'attaque à une autre figure emblématique de la culture afro-américaine. Son trait dynamique illustre magistralement cette histoire complexe. Le traitement graphique audacieux de cet album, alternant séquences de BD et illustrations, représente un défi. L'utilisation de trois couleurs - noir, blanc et rouge - s'accorde parfaitement au sujet, symbolisant les tensions raciales et la violence des affrontements. Son lettrage classique enrichit la narration.