Méli-mélo à Cuba. Pris entre les troupes de Fidel Castro et les poches de résistance alliées de la CIA, Spirou, Fantasio, Seccotine et le Marsu tentent de démêler cet imbroglio inextricable, sans vraiment savoir quel camp est pire que l’autre…
En 1960, Fidel Castro doit faire un discours devant l’ONU. Spirou et Fantasio sont alors envoyés pour couvrir l’événement, mais le révolutionnaire cubain se sent menacé de tous les côtés par les Américains et leurs espions. Imaginant par erreur que Spirou est l’un d’eux, il le fait enlever et l’emmène à La Havane pour l’interroger. Fantasio, s’alliant à la CIA part donc à la recherche de son ami.
Nouvelle collection
Cet album inaugure la nouvelle collection Les Aventures de Spirou et Fantasio, classique, même s’il est décidé d’y intégrer rétroactivement Spirou chez les Soviets sorti en 2020. L’idée est plutôt simple, même si pas très nouvelle en soi : glisser les deux héros reporters au cœur de l’histoire en retrouvant le style graphique de l’époque. Ainsi, nous plongeons en plein conflit américano-cubain où les uns brandissent le drapeau révolutionnaire comme garde-fou, tandis que les autres manipulent l’opinion générale, quitte à ensuite user des mêmes méthodes discutables que leurs adversaires.
Les Aventures de Spirou et Fantasio © Dupuis
Ni blanc ni rouge
Tout en respectant scrupuleusement la légèreté du style de Franquin, Elric, Clément Lemoine et Michaël Baril posent assez habilement les bases du problème auquel sont confrontés nos héros. Ces derniers sont progressivement amenés à prendre plus ou moins parti afin de délivrer leur ami des griffes de ses tortionnaires, tout en échappant aux manigances américaines. Très vite, ils se rendent compte qu’ils ne valent pas forcément mieux les uns que les autres.
Une façon indirecte de montrer que bien plus que de devenir des défenseurs d’une cause au détriment d’une autre, Spirou et Fantasio restent surtout des héros désintéressés et indépendants, assez lucides pour ne pas tomber naïvement dans les pièges de l’Histoire qui a tendance à se résumer à une vision binaire des événements. Toutefois, les auteurs ne se lancent pas non plus dans un réquisitoire anti ça ou ça, ils confrontent un univers fictif populaire à une réalité dont ils s’amusent sans pour autant la dédramatiser. L’exercice est intéressant et la leçon révélatrice. À voir comment s’articulera le reste de la collection.
Article publié dans le Mag ZOO N°98 Mai-Juin 2024