ZOO

Loops

couverture de l'album Loops

Éditeur : Ginosko

Scénario : Luca PozziDessin : Elisa Macellari

Prix : 21.00€

  • ZOO
    note Zoo2.0

    Scénario

    1.0

    Dessin

    3.0
  • Lecteurs
    note lecteurs
    0 critique

Le synopsis de l'album Loops

Luca Pozzi est un artiste interdisciplinaire italien qui s'intéresse de près à la science. Elisa Macellari est une illustratrice et dessinatrice italo-thaïlandaise. Carlo Rovelli est un célèbre physicien italien, spécialiste de la physique quantique, l’un des initiateurs de la théorie de la gravité quantique à boucles (Loop Quantum Gravity) et un grand vulgarisateur scientifique, auteur de nombreux ouvragesdont Sept brèves leçons de physique. Des années après une longue conversation avec Carlo Rovelli, Luca Pozzi a proposé à Elisa Macellari de mettre en images les réflexions de ce grand physicien sur l'origine de la Science, la nature du temps et les récentes évolutions des théories qui nous permettent de comprendre l'Univers. Loops est une bande dessinée scientifique unique, fourmillant de belles idées graphiques, qui réussit à rendre accessibles et captivantes des théories complexes.


La critique ZOO sur l'album Loops

C’est au milieu du Laos, en pleine jungle, que Luca Pozzi invite le physicien italien Carlo Rovelli. Les deux hommes se connaissent. Ils conversent depuis 2010 sur les dernières théories scientifiques dans le domaine de la physique quantique. Aujourd’hui est spécial : Luca a découvert quelque chose dans la forêt du Laos, quelque chose qu’il veut montrer au physicien.

On dit souvent que la critique est facile et que l’art est difficile.

Pour Loops, la critique s’avère bien difficile à écrire car nous avons ici affaire à une BD scientifique pour le moins spéciale. Elle consiste en une conversation imaginaire entre Luca Pozzi et Carlo Rovelli lors d’une randonnée intellectuelle en pleine jungle du Laos. Le premier est artiste et médiateur interdisciplinaire, motivé à faire coïncider l’art avec la compréhension de l’univers. Le deuxième est un éminent physicien du centre de physique théorique de l’Université d’Aix-Marseille et cocréateur de la théorie de la gravitation quantique à boucles.

Mentionnons d’abord le graphisme plutôt intéressant. Il faut dire que Elisa Macellari est une illustratrice indépendante multi-récompensée entre 2017 et 2021. Elle a notamment travaillé pour le New York Times avant de se lancer dans le roman graphique. En 2018 elle publie Le Goût de la Papaye et Kusama, obsessions, amours et art en 2020. Loops est une occasion pour elle d’exprimer une imagerie sur les concepts scientifiques assez pointus que sont la physique quantique et la relativité générale. Le problème, c’est que son style très onirique et fantasque ne sied pas toujours au propos. Par exemple, je ne comprends pas ce que la représentation d’une divinité asiatique en pleine page viendra illustrer au milieu d’explications scientifiques qui ont lieu au même moment sur le temps. Et si le choix des illustrations laisse parfois songeur, le choix des mots de cette conversation l’est tout autant.

Loops

Loops © Ginosko

En effet, si les concepts scientifiques expliqués sont (sans doute) passionnants, dénués de pédagogie, ils sont aussi sibyllins que les propos d’une conversation fumeuse. Le problème vient de cette tendance à faire des analogies pour tout… Des analogies qui finissent très souvent par tomber dans l’abstrait.
Je cite : « Je suis d’accord avec Einstein sur le fait que l’espace-temps n’est pas une boîte inerte, mais quelque chose de dynamique. Une sorte de grande méduse dans laquelle nous sommes immergés, que l’on peut comprimer ou déformer. Mais je suis aussi d’accord avec Heisenberg, Dirac et Bohr qui soutiennent que le monde est fait de Lego qui se combinent comme des lettres d’un alphabet cosmique. »
Que penser après avoir lu ça ? En quoi représenter l’espace-temps comme une méduse est pertinent ? Einstein, je vois à peu près qui c’est… mais qui sont Heisenberg, Dirac et Bohr ? Ils ont bossé sur quoi ? Le « mais » présent dans la citation impliquerait une incompatibilité scientifique entre la théorie d’Einstein et celle des autres… MAIS POURQUOI DONC ?

Voilà à quoi ressemble l’ouvrage quand il ne donne pas des exemples concrets. En revanche, il présente très bien Anaximandre et ses questionnements sur la Terre : c’est le seul moment vraiment réussi de la BD. Comment d’une observation s’organise une question, d’une question découle une théorie et d’une théorie arrive un modèle ? Mais c’est seulement l’affaire d’une dizaine de pages sur plus de 150. Plusieurs fois, le lecteur que je suis a ressenti la sensation de lire un ouvrage douteux des frères Bogdanov alors que l’acteur impliqué dans la conversation est très certainement d’un niveau scientifique bien supérieur. D'autres fois, je suis resté circonspect devant cette profusion de "name dropping", cette démarche consistant à lacher des noms de grands physiciens et de s'en contenter pour étaler sa science sans faire l'effort de la rendre intelligible. Reconnaissons l'existence d'une annexe en fin d'album, certes, mais le principe d’Heisenberg ne saurait se résumer comme ça en 4-5 lignes !

Loops est surtout le portrait de l’esprit d’un éminent chercheur, celui de Carlo Rovelli, mais sans la totalité des clefs qu’il convient d’avoir, ce portrait s’avère aussi abscons qu’une poésie obscure. Le lecteur n’est pas à l’abri de cerner un concept… mais il n’est en aucun cas assuré d’être sur les rails de la compréhension pour le texte ou le dessin qui suivra. Et vu le prix que coûte la BD (21 euros) il y a très certainement de bien meilleurs ouvrages à conseiller aux lecteurs curieux de comprendre ce domaine scientifique… les publications de Carlo Rovelli, par exemple.

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