Shibatarian - T2

Avec ses forces et ses faiblesses, Shibatarian met un coup de pied dans la fourmilière du manga d’horreur et de survie.

Shibatarian est relativement difficile à décrire en quelques mots succincts. Pour en saisir la véritable essence, il faut s’attarder sur les racines originelles d’un récit qui devient rapidement totalement incontrôlable. À la manière du cocktail déjanté d’un Mosquito Wars ou d’un Magical girls of the end, Shibatarian développe une histoire frénétique, imprévisible et exponentiellement extravagante sur des bases pourtant sociales et tragiques, alternant ainsi humanité pure, absurde aberrante et horreur glaçante.

Shibata-inu

Son personnage principal, Sato, fait une rencontre étonnante après les cours. Un soir de spleen, il tombe sur la tête protubérante d’un camarade de classe qui s’est délibérément planté sous un arbre. Les deux larrons deviennent immédiatement les meilleurs amis du monde, échangeant inlassablement sur la vie tout en assouvissant une boulimie cinématographique commune. Leur grand projet : tourner un film et le présenter au festival du lycée. Le rêve tombe à l’eau quand après une année de travail acharné, on leur refuse cette diffusion. Une vague envie de retenter l’expérience se fait un instant ressentir, des idées décousues proférées sans grande conviction peignent le tableau de leur déception puis Shibata disparaît définitivement de la vie de Sato.

Pour le meilleur et pour le Shibata

Définitivement, vraiment ? Son retour quelques années après passe pour une bonne surprise jusqu’à la révélation de son grand plan de destruction du monde : en suivant à la lettre leur idée de film avorté Shibata va mettre la réalité sans-dessus dessous jusqu’à ce que son camarade, vertueux bien malgré lui, puisse l’en empêcher à la manière d’un véritable héros.

" Shibata va mettre la réalité sans-dessus dessous jusqu’à ce que son camarade, vertueux bien malgré lui, puisse l’en empêcher à la manière d’un véritable héros. " © Panini, 2025

On ne sait comment mais Shibata a bel et bien mis la main sur des pouvoirs extraordinaires et peut notamment se dupliquer instantanément autant qu’infiniment, noyant littéralement les espaces qu’il prend d’assaut de copies de lui-même aux caractéristiques exacerbées. Sa férocité et sa cruauté sont sans égales. Sa folie et les proportions de ses pouvoirs sont à l’avenant, à tel point qu’on pourrait presque y voir un avatar maléfique du fameux masque vert joué par Jim Carrey.

" Sa folie et les proportions de ses pouvoirs sont à l’avenant, à tel point qu’on pourrait presque y voir un avatar maléfique du fameux masque vert joué par Jim Carrey. " © Panini, 2025 - Iwamuro

Tout cela n’est-il qu’un jeu ? Une malédiction ? Un appel à l’aide ? Il va être bien difficile pour Sato, coincé dans un rôle et une culpabilité qu’il a simplement laissé échapper un jour de colère, de survivre et de trouver des réponses en même temps ! Coté lecteur cependant, on a plutôt hâte de découvrir quelles épreuves Shibata peut encore sortir de son chapeau dément.

Article publié dans le Mag ZOO Manga N°17 Janvier - Février 2025