Ce trente-et-unième album se présente comme l’héritier direct de L’Énigme de l’Atlantide, l’un des récits les plus emblématiques de la saga. Il entraîne à nouveau Blake et Mortimer dans un enchaînement de circonstances qui les rapproche, pour la seconde fois, de la mystérieuse civilisation atlante.
Par une soirée pluvieuse à Londres, une météorite s’écrase dans l’embouchure de la Tamise tandis que nos deux héros se trouvent au Centaur Club, où Mortimer est victime d’un malaise cardiaque. Peu après, un mystérieux homme vêtu d’une cape se glisse sur les quais de la capitale et neutralise trois dockers à l’aide d’un faisceau lumineux. Il s’envole ensuite vers une mansarde où l’attend l’un de ses complices. Ensemble, ils se rendent discrètement chez un marchand d’art précolombien afin de lui remettre un paiement sous forme de diamants.

Un style qui ravira les premiers lecteurs de la bande dessinée, illustré par Peter Van Dongen
© Dargaud 2025
Trois semaines plus tard, d’étranges phénomènes surviennent en mer du Nord. Des émanations de gaz toxiques déciment équipages de bateaux et bancs de dauphins. Puis une explosion dans une faille sous-marine déclenche un tsunami qui s’abat sur les côtes écossaises. Présent sur place pour ses recherches en géothermie, Philip Mortimer doit fuir avec les habitants d’un petit port de pêche pour échapper à la vague meurtrière. Lorsque les eaux se retirent, il découvre sur la plage des corps momifiés vieux de 10 000 ans : les revenants du Doggerland, cette ancienne région qui reliait autrefois le Royaume-Uni au continent avant d’être engloutie il y a environ 9 000 ans.
Ce nouvel opus est illustré par Peter Van Dongen. Après trois albums réalisés en tandem avec Teun Berserik, il signe cette fois-ci l’ouvrage en solo, tandis que Berserik planche de son côté sur un autre titre. Le dessin se révèle globalement plus abouti que dans leurs trois précédentes collaborations : les décors sont soignés et l’ensemble d’une belle qualité. Le personnage de Blake s’écarte parfois du modèle original, ce qui n’est guère surprenant : Juillard lui-même reconnaissait qu’il s’agissait du protagoniste le plus difficile à reproduire. Les lecteurs de longue date retrouveront avec plaisir ce trait précis et légèrement figé qui a marqué leur enfance.

Une introduction aux nouvelles aventures que nous propose cet opus.
© Dargaud 2025
Le scénario d’Yves Sente, dense et ambitieux, démarre très fort avec une succession de mystères et d’événements singuliers. L’album marque toutefois une pause en son milieu, où une longue digression vient expliquer les éléments mis en place au début, au risque de ralentir l’action. Le scénariste réactive les personnages de L’Énigme de l’Atlantide, offrant aux fidèles de la série l’occasion de replonger dans l’un des épisodes mythiques du cycle : certains protagonistes n’étaient pas réapparus depuis près de soixante-dix ans. Réaliser aujourd’hui une bande dessinée de science-fiction rétro n’a rien de simple, tant notre imaginaire a évolué, mais les deux auteurs s’en sortent avec une certaine maîtrise.