Le trésor de San Inferno

Le groom le plus célèbre de la BD revient avec ses acolytes dans une aventure « Classique » qui fleure bon l’héritage de Franquin. Entre humour, mystère et nostalgie, Fabrice Tarrin et Lewis Trondheim signent un Spirou qui séduira aussi bien les fidèles que les nouveaux lecteurs.

Le format, la mise en page et les couleurs rappellent fidèlement les éditions originales de Franquin. La couverture, particulièrement réussie, met en scène Spirou portant le marsupilami dans une grotte d’inspiration aztèque, baignée par un jeu de lumières habilement travaillé.

L’intrigue s’ouvre sur le rêve de Fantasio : réaliser un reportage à San Inferno, un village reculé perdu au cœur du désert mexicain. Le journaliste est contacté par la maire du village troglodyte, qui affirme avoir découvert dans une grotte-sanctuaire le squelette d’un extraterrestre. Sans perdre une minute, Fantasio se met en route, accompagné de Spirou et du marsupilami – mais cette fois sans Spip. Soucieux d’échapper à sa rivale Seccotine, il croit pouvoir garder son secret. Pourtant, en plein désert, leur jeep croise la journaliste, tombée en panne avec son triporteur. Ayant flairé le scoop, elle avait réussi, par ruse, à deviner leur destination. Finalement, Spirou décide de l’embarquer avec eux. À leur arrivée, le groupe est accueilli par Sofia, veuve de l’ancien maire, désormais à la tête du village. Très vite, nos héros se retrouvent aux portes du mystérieux sanctuaire, sur le point de découvrir la sépulture tant convoitée.

Une toute nouvelle aventure signée Tarrin et Trondheim
© Dupuis 2025

Cet album marque le troisième Spirou signé par Fabrice Tarrin. Après avoir travaillé avec Yann puis Neidhardt, le dessinateur collabore cette fois avec Lewis Trondheim, déjà familier de l’univers du groom. Trondheim signe ici son deuxième scénario, après L’Accélérateur atomique, récit inspiré de Spirou mais transposé à travers son personnage Lapinot.

Le trait de Tarrin s’accorde parfaitement à l’esprit de la série : il maîtrise les personnages avec une justesse rare, restituant les expressions et l’énergie propres au dessin de Franquin. Le marsupilami retrouve l’allure de ses origines, et Seccotine y apparaît particulièrement savoureuse. On peut toutefois regretter que les décors soient traités avec moins de soin : l’action se situant essentiellement dans le désert, le dessinateur ne multiplie pas les détails de paysage. C’est sans doute le seul point faible de son travail, qui par ailleurs s’inscrit avec brio dans la lignée de Franquin, mais aussi d’Uderzo ;  Tarrin a déjà illustré deux albums liés à Astérix.

Quant au scénario, on y retrouve la patte de Trondheim : rebondissements bien menés, touches d’absurde comme ces oiseaux répétant des phrases humaines, et un humour subtil qui porte toute l’histoire. Le récit est fluide, agréable, mais se lit assez rapidement, ce qui laisse un léger goût de trop peu.

Enfin, Fabrice Tarrin prépare déjà un nouvel album du célèbre groom, Opération Lune, en collaboration avec Ghorbani et son complice de toujours, Neidhardt.