Chassée par des bêtes primordiales géantes, aux dents et aux griffes pleines de sang, une tribu de femmes des cavernes mène une existence morne dans un monde brutal et sans pitié. S’accrochant à une vie régie par des lois anciennes et des rituels obscurs — les seules constantes qu’elles connaissent — elles suivent les anciennes traditions faites de souffrance et de mort. Mais Chemin-Droit, une chasseuse et une guerrière du clan, élabore un plan pour changer leur vie : rompre l’équilibre de mort qu’elles ont qu’elles ont patiemment atteint avec les prédateurs qui les entourent... et cela va bouleverser tout ce qu’elles connaissent. Parfois, le changement est plus terrifiant que la mort. Dans une atmosphère sauvage et brutale, l’auteur nous mène dans une quête fondatrice et humaine.

Cave Girls T.1

Nick Boshier, Greg Broadmore, Andy Lanning
Éditeur : Blueman
Scénario : Nick Boshier, Greg Broadmore, Andy LanningDessin : Greg BroadmoreColoriste : Greg Broadmore
Prix : 29.00€
- ZOO
5.0
Scénario
5.0
Dessin
5.0

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Le synopsis de l'album Cave Girls T.1
La critique ZOO sur l'album Cave Girls T.1
Concept designer de métier, Greg Broadmore nous plonge avec Cave Girls dans un univers sauvage, dans les traces d’une femme destinée à devenir celle qui dirigera sa tribu d’Amazones préhistoriques. Violence, survie et fantastique sont au menu de cet album brut de décoffrage.
Chemin-droit est une guerrière pleine d’expériences, qui a pour ambition d’aider sa tribu à dépasser les dangers qui la menacent, comme les attaques de l’Albinos, ce puissant tyrannosaure qui vient depuis des générations hanter la région en exigeant sa ration de viande, contre l’assurance de laisser cette communauté de femmes tranquille.
Chemin-droit est rusée, elle observe comment fonctionnent ces meutes de dinosaures qui rodent dans les bois alentour, elle comprend que pour vaincre son ennemi, il peut être pratique de s’entourer d’alliés vigoureux, plus féroces. Elle commence donc par s’attaquer à un groupe de jeunes tyrannosaures en abattant le mâle dominant et en partageant sa chair avec les autres membres de son groupe. Ayant ainsi, avec l’aide de ses amies, acquis une sorte de garde rapprochée, elle peut envisager de piéger le fameux Albinos.
Sauvages et sans pitié
Loin des fantasmes d’une Cave Woman dénudée ou des versions aux brushings impeccables des vieux comics, les Cave Girls de Greg Broadmore nous entraînent dans une préhistoire fictive rythmée par la violence la plus brutale, celle qui marque la peau, qui ampute, qui défigure. Les tribus d’humains cohabitent tant bien que mal avec des dinosaures qui sillonnent la région, qui dévorent sans se poser de question. L’héroïne, Chemin-Droit, évolue dans une communauté constituée exclusivement de femmes. Des guerrières demi-nues dont l’existence n’est qu’affrontements et survie, quitte parfois à manger celles qui trahissent le groupe.

Un comics fantastique au scénario trépidant, signé Broadman
© Blueman, 2025
Au-delà de l’affrontement annuel avec le vieil Albinos, un autre évènement important vient cependant rythmer cette existence extrême. Chaque fois que la montagne charrie de l’eau rouge, les femmes sélectionnées préalablement par la cheffe de la tribu doivent se rendre sur une île composée d’agglomérats organiques pour y chercher les enfants qui viendront ensuite grossir leur rang. Personne ne connait pour l’instant les tenants et aboutissants de ce rite obscur, ni même la véritable nature de l’endroit, si ce n’est que chaque enfant mâle est perçu comme une hérésie et exécuté. On comprend toutefois que ce rituel anime en Chemin-droit des pulsions maternelles qui vont modifier la perception qu’elle peut avoir de son rôle auprès des siennes.
Une expérience des sens
Greg Broadmore ne se perd pas en explications, il propose un scénario qui peut parfois déstabiliser par son côté rêche où l’on avance en s’immergeant immédiatement dans un adroit mélange entre préhistoire et fantastique. Au fil des pages, on comprend les enjeux, les tensions inhérentes à cette existence primaire, et même si la dernière partie est nettement plus difficile d’accès que le reste, la narration particulièrement efficace reste d’une très grande fluidité, presque cinématographique.
Broadmore est avant tout un homme de l’image, de ceux qui se concentrent visuellement sur le mouvement, qui ne cherchent pas forcément l’esthétique au détriment de l’efficacité. Le monde qui se déploie devant nous est poreux, sans compromis. Cette tribu d’Amazones est marquée par d’innombrables cicatrices dans le creux desquelles se lisent les multiples affrontements contre la faune locale, les traumas d’une vie faite de force, de chasse, de hurlements. Ces visages tordus sont au cœur d’une aventure d’un autre âge, étalée à travers des planches numériques extrêmement impressionnantes que l’on parcourt des yeux en silence. Le trait est dynamique, le geste ample d’un artiste dont la force et la virtuosité ne sont qu’évidence à chaque case.
Une première partie
L’aventure ne fait que commencer, quatre volumes sont prévus, mais néanmoins Broadmore ne se contente pas d’une simple introduction, loin de là. On glisse dans cet univers sans reprendre notre souffle, les réponses viendront, il va falloir patienter, mais pour l’instant, il faut courir sans se retourner…
Une belle découverte vivement conseillée.
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