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Les oiseaux de papier

couverture de l'album Les oiseaux de papier

Éditeur : Cà et là

Scénario : Mana NeyestaniTraducteur : Massoumeh Lahidji

Prix : 20.00€

  • ZOO
    note Zoo4.0

    Scénario

    4.0

    Dessin

    3.0
  • Lecteurs
    note lecteurs
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Le synopsis de l'album Les oiseaux de papier

Le Kurdistan iranien se situe au Nord-Ouest du pays, le long de la frontière avec l'Irak. C'est une région montagneuse très pauvre et connue pour être un haut lieu du trafic de cigarettes, d'alcool ou de vêtements. Les villageois y sont exploités par des bandes mafieuses pour faire de la contrebande entre les deux pays, à travers les montagnes. Ils empruntent des chemins mortellement dangereux, passant par les sommets de plus de 4 000 mètres des monts Zagros, en portant des marchandises. Ces contrebandiers sont appelés des "kulbars", et chaque année, plusieurs dizaines d'entre eux trouvent la mort, victimes des gardes-frontière iraniens, des mines antipersonnel, d'avalanches ou des rigoureux hivers de cette région. Dans Les Oiseaux de papier, Jalal, dit l'Ingénieur, est recruté pour participer à l'une de ces expéditions en compagnie d'hommes de son village. Une petite troupe est constituée et entreprend le dangereux périple. Un drame se noue alors entre les...

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De l’autre côté de la montagne

Sur les chemins escarpés et enneigés des montagnes entre l’Iran et l’Irak, des contrebandiers tentent la traversée de la frontière lourdement chargés. Les douaniers ont ordre de tirer. Pourtant, nombreux sont ceux qui tentent l’aventure… On les appelle les kolbars. Une histoire émouvante pleine d’inattendus.

Au nord de l’Iran, dans les montagnes à la frontière de l’Irak, les populations kurdes luttent contre la misère. Pour survivre, les « kolbars », des contrebandiers, y passent illégalement des marchandises. Croulant sous le poids de leur fardeau, ce sont des hommes de tout âge, allant d’un orphelin de 12 ans à de vieux estropiés. Tous empruntent les mêmes routes de montagne, balayées par le blizzard et surveillées par les gardes-frontières. Ils progressent dans la crainte de la prochaine avalanche, de la prochaine fusillade. Et cette fois-ci, une curieuse femme les suit, serrant contre elle le portrait d’un acteur…

Les oiseaux de papier

Les oiseaux de papier
© Editions ça et la, 2023

Mana Neyestani signe un très beau conte cruel. Très tôt le drame est noué : on sait qu’aucun des personnages n’en ressortira vivant mais on se prend à espérer. Summum de cruauté, Mana Neyestani crée une galerie de personnages aussi atypiques qu’attachants : de l’homme de petite taille ronchon, au vieux baroudeur qui en a vu d’autres. Tous sont très joliment écrits et dessinés.

Le héros, Jalal, est amoureux de Rojan, une femme promise à un autre. On suit alors en parallèle la tragique expédition des kolbars et les travaux de couture de Rojan, attendant son amant. L’avancée de son tapis rythme une narration tour à tour poétique et intime puis pleine d’action et de suspense sur les sentiers montagneux. Plusieurs retournements de situation apportent beaucoup de profondeur et de rondeur au récit. Au-delà de la fable, Mana Neyestani dénonce une réalité sordide et la misère des kolbars.

Mana Neyestani est connu pour ses dessins de presse mordants et engagés. Sur son compte Instagram, le dessinateur iranien cumule près d’un million d’abonnés. Son trait jeté et hachuré s’adapte très bien à de la fiction au plus long cours. Il croque des trognes très expressives et charismatiques.

Une très belle expédition sur les flancs des montagnes du Kurdistan, sensible et prenante, orchestrée de main de maître.

Dessin de Mana Neyestani posté sur Instagram (@neyestanimana)

Dessin de Mana Neyestani posté sur Instagram (@neyestanimana)
© Mana Neyestani, 2023

Deux questions à Mana Neyestani :

Comment vous est venue l’idée de parler des kolbars ?

Mana Neyestani : J’ai eu cette idée il y a maintenant 5 ans. J’ai vu un reportage sur la BBC iranienne qui présentait le terrible quotidien de ces gens, contraints de porter des chargements deux à trois fois plus grands qu'eux. L’un d’entre eux avait même une jambe artificielle. Il y a aussi quelques femmes qui pratiquent cette activité de passeur mais elles sont plus rares. Pour faire cet album, je suis rentré en contact avec de vrais kolbars sur Instagram pour en apprendre davantage sur leur situation. Beaucoup d'entre eux sont des personnes éduquées. Ils sont allés à l'université mais le Kurdistan est si pauvre qu'ils ne trouvent pas de travail. Ils n'ont pas d'autre choix que de devenir kolbars. C’est une situation toujours d’actualité.

Pourquoi avoir scindé la narration en deux, avec d’un côté l’expédition des kolbars et de l’autre Rojan, chez elle ?

Mana Neyestani : Rojan est celle qui souffre le plus et qui doit surmonter les plus grands obstacles même si elle n'est pas à flanc de montagne, en train d'affronter la neige et les tirs. Elle est entourée de dangers au sein de sa propre maison. Elle représente la condition de la femme iranienne : à la maison, dépendante de son père ou de son mari. Alors qu’elle tisse son tapis elle pense, rêve… Si j’avais su qu’une nouvelle révolution aurait lieu en Iran et qu’elle serait portée par des femmes !

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