1968, guerre du Vietnam. Un jeune Américain se demande ce qu'il fait si loin de chez lui, tandis qu'un jeune Vietnamien s'enrôle pour défendre son pays. Malheureusement, les destins de ces deux hommes vont se croiser... Cette réflexion sur les drames de la guerre est servie par un dessin cru qui n'épargne rien au lecteur.
Enrôlé pour le Vietnam, Bill Everette développe des hallucinations morbides dès son arrivée au camp d'entraînement. Celles-ci vont empirer avec sa confrontation à la cruauté du terrain et aux soldats blasés. Vo Binh Daï, lui, vient d'une famille de paysans du Nord-Vietnam et se porte volontaire pour combattre, persuadé de la victoire. Une longue marche dans la jungle, à laquelle certains de ses camarades ne survivront pas, le conduit à la base de Khe Sanh, où il livrera son dernier combat tout comme Bill.
Cousin du vétéran Gustav Hasford, dont les écrits ont inspiré le film Full Metal Jacket, le scénariste a visiblement été imprégné et marqué par ses histoires de guerre. Il pointe ici les aberrations de ce combat : Américains prêts à « buter ces connards de communistes » mais incapables de placer le Vietnam sur une carte, adolescents paumés envoyés à la boucherie, Vietnamiens conditionnés pour sacrifier leur vie pour la révolution, traumatismes psychologiques...
Cette violence est représentée sans détours : un trait noir épais, des couleurs franches et nettes, et du rouge. Beaucoup de rouge. Le sang gicle, les corps sont déchiquetés, la jungle devient effrayante. Les cauchemars et hallucinations des deux soldats, mêlés au réel, renforcent l'horreur.
Les histoires de ses deux personnages, habilement mises en miroir, renvoient deux visions totalement opposées des événements, celles de deux camps qui voient en l'ennemi le diable qu'on veut bien leur décrire. Avec un final qui ne peut être que dramatique, cette BD rend hommage aux morts, mais aussi aux vétérans, qui sont passés de l'autre côté de la guerre et vivent avec...
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