Aux États-Unis, les étés sont propices à de gros événements éditoriaux secouant le destin des personnages et des éditeurs. Lecture de plage et de vacances, Civil War a marqué l’année 2006 par son contenu spectaculaire et politisé.
Le principe de Civil War, publié par Marvel, est simple : les agissements des personnages à super-pouvoirs sont dangereux. Du bon ou du mauvais côté de la barrière, les justiciers éveillent la méfiance des sphères politiques.
Parabole politique
De vieux projets de recensement des «capes» refont surface. Pour prévenir les dérives, Iron- Man ou Mister Fantastic décident de promouvoir le recensement volontaire. Mais les héros d’hier deviennent les dictateurs d’aujourd’hui, à l’encontre des «résistants». De l’autre côté, des héros opposés à cette loi inique se fédèrent autour de Captain America. Rédigés par l’iconoclaste Mark Millar, déjà responsable de Ultimates, les sept numéros de Civil War (et de nombreux épisodes de séries Marvel) développent un sous-texte politique en prise avec les préoccupations actuelles.
Civil War est une parabole de la lutte idéologique entre Démocrates et Républicains. Les enjeux parlent aussi aux lecteurs français : les récentes propositions de lois sur l’immigration ou le fichage ADN prennent avec Civil War une résonnance toute actuelle.
Peter Parker sous le masque
Civil War bouleverse le statu quo de plusieurs séries Marvel. Peter Parker, alias Spider-man, a révélé son identité secrète devant les caméras. Un pan de la mythologie de «Spidey» s’écroule. Si Civil War s’est conclu en kiosques à la fin de l’été, le mensuel Spider-man publie actuellement les conséquences de cette révélation. Mary-Jane, l’épouse de Peter, et May, sa tante, sont en danger. Tous ses ennemis sont lancés à ses trousses, et Jonah Jameson, l’acariâtre patron du Daily Bugle, redouble de violence dans ses campagnes anti-araignée. J. Michael Strasczynski, scénariste de télé (Babylon V), s’en donne à cœur-joie pour explorer ce nouveau statu quo.
La bannière étoilée en lambeau
Une autre conséquence de Civil War est le décès de Captain America, capturé à la fin du conflit et abattu par un sniper non identifié. Cette nouvelle étape du héros costumé, créé en 1941 par Joe Simon et Jack Kirby, paraît en octobre, dans Marvel Icons 30, sous deux couvertures différentes, l’édition librairie comprenant une réédition du premier épisode de 1941. La mort de «Cap» a fait les choux gras de la presse américaine. Ed Brubaker, le scénariste, parvient à maintenir la série sans son personnage titre. Là encore, le contexte politique fournit à ces péripéties une dimension symbolique forte.