Ultime tome d’un spin-off atypique de l’univers Spirou, La stratégie Gaïa s’est fait attendre : il fait suite au tome 2 paru en 2021. Les auteurs se sont fait plaisir dans cette histoire en feu d’artifice, un brin foutraque mais attachante.
L’album au format comics propose une belle couverture : SuperGroom prend la pose sur un dinosaure à plumes coloré pour le moins effrayant. Le décor donne également le ton : des immeubles en ruine, dans lesquels la végétation reprend ses droits. C’est Bruxelles, on le découvrira dans le récit.
Un peu comme dans Le piège diabolique, SuperGroom va tomber dans un traquenard avant de se retrouver dans un futur postapocalyptique anxiogène. Dans ce voyage temporel, il est accompagné de Spip (pardon, Redwing !) et de son adversaire du moment, La Centaure, déjà côtoyée dans La guerre olympique. Le petit groupe est obligé de faire cause commune pour survivre et comprendre ce qui a bien pu se passer en l’espace de 50 ans. La régression peut en effet sembler rapide au lecteur…

Extrait de "Supergroom Tome 3 : La stratégie Gaïa" © Dupuis
On aurait aimé en savoir plus sur la tribu des Brikolos (ils ont du potentiel), les Tranzus (qu’on ne fait qu’évoquer) ou même les Cloclones, même si la présence de ces derniers était sans doute dispensable. Les clins d’œil à l’univers de la BD, du comics, du manga ou du cinéma sont légion, nous vous laissons le plaisir de les découvrir. Mais on peut quand même citer la série Valérian, dont ce récit capte en partie l’esprit.
Fabien Vehlmann en profite pour distiller à différentes reprises quelques messages écologiques. Cela aurait pu être lourd mais le scénariste l’a fait avec suffisamment d’humour voire d’auto-dérision pour que ça passe. Mais surtout, il lance des pistes sur la composition du monde de demain. Avec pas mal de zones d’ombres, qui contribuent à l’ambiance mystérieuse.
Au dessin, Yoann assure. Dans SuperGroom, il a amené Spirou à son propre style graphique. On aime bien son Spirou, on adore son Champignac (même si on le voit peu) et on vous laisse la surprise pour son touchant Fantasio.
Une certaine mélancolie se dégage de cette histoire. Peut-être parce qu’on sait que c’est la dernière. La fin est d’ailleurs un peu trop ouverte. Un appel du pied pour un tome 4 ?