Superman Chronicles Volume 2 - T2 : 1987

La première année du reboot de Byrne et Wolfman sur l’ensemble des titres Superman, en 1987, a donc bel et bien démarré sur les chapeaux de roue. Les premiers changements actés, il est dorénavant temps d’installer cet univers en profondeur.

Le premier volume, qui reprend les débuts de John Byrne aux commandes de l’univers Superman, nous montrait l’installation des nouvelles fondations qu’amenaient Byrne et le scénariste Marv Wolfman. Ensemble, ils redistribuaient ainsi les pions, rebâtissant un corpus débarrassé des éléments constituant jusque-là la mythologie du héros kryptonien.

Avec ce second volume, nous entrons dans une sorte d’étape suivante qui consiste à renforcer ces bases, à approfondir les caractérisations, voire à construire pour de bon les nouveaux canons qui serviront de ciment pour la suite.

Clark Kent/Kal El/Superman

Très vite, en lisant ces épisodes, on se rend compte des deux visions qui se font face.

D’une part Byrne se concentre sur le symbole du héros invincible, qui évolue dans un univers de super-héros uniquement. Il reste fidèle aux éléments constitutifs de Superman, ses liens avec Lois Lane, son opposition avec Luthor, les super-ennemis, les amis super-héros, l’action et une approche qui reste avant tout archétypale. L’idée est davantage de renforcer l’aura du héros, de passer outre une trop longue mise en place pour rapidement lui redonner sa place centrale et lumineuse dans l’univers DC.

Superman Chronicles 1987 - Volume 2 © Urban Comics, 2023

D’autre part, Wolfman, très tôt aidé par son dessinateur Jerry Ordway qui prend de plus en plus de place dans l’aspect scénaristique, s’attarde davantage sur la dimension humaine du personnage. Il développe ainsi des éléments qui sont fait pour durer en termes de background. Clark Kent gagne en profondeur, en « texture ». Loin de cette première image du journaliste un peu ballot qui peine à suivre Lois, il devient un homme de terrain, plein de ressources et très impliqué, respecté par ses pairs. Et plus particulièrement de la jolie Kat Grant qui n'est pas insensible aux charmes du grand brun à lunettes et qui n’hésite pas à, disons, prendre toutes les initiatives.

Cette volonté de donner du volume à un des aspects du héros les moins mis en valeur au fil des ans vient agréablement contre balancer l’approche plus rentre dedans de Byrne. Malgré tout, on se rend compte aussi que le charisme de ce dernier a tendance à occulter l’énorme travail de fond de Wolfman (d’autant que ce volume qui ne contient que deux épisodes de Adventure par Wolfman) au profit d’un rythme plus enlevé, plus démonstratif.

24h par jour, c’est pas suffisant

Toutefois, les auteurs veulent dépasser le côté monolithique du héros de Métropolis. Ils accentuent le regard que l’on peut porter sur son apparente invulnérabilité qui cache une humanité plus profonde. Petit à petit, Clark doute, il a du mal à gérer ses deux vies qui l’amènent à louper un anniversaire important, qui l’obligent à poser un lapin, qui remettent en cause sa capacité à assurer sur tous les plans, à être à la hauteur de son rôle de protecteur et de journaliste, en même temps… Ainsi, loin de cette image presque divine, le héros reste un homme, avec ses valeurs, ses questionnements et ses fragilités. Car si Superman reste le super-héros ultime, il a bénéficié d'une éducation tout en subtilité, pleine de valeurs humanistes, de générosité et ce sont tous ces points qui justement lui donnent aujourd'hui du corps.

Superman Chronicles 1987 - Volume 2 © Urban Comics, 2023

Superman Chronicles 2

Un volume nettement moins épais que le précédent, qui contient malgré tout deux cross-over assez sympathiques. Tout d’abord une mission avec Hawkman et Hawkgirl, assez classique dans la forme et une autre, plus ambitieuse, aux côtés de la Legion of Super-heroes, opposés à un mystérieux Superboy, reflet de la période qui a précédé Crisis et qui présente un bien curieux paradoxe à résoudre.

Une lecture absolument passionnante qui démontre, une nouvelle fois, la valeur de l'initiative Chronicles.
On croise les doigts pour que le public soit au rendez-vous.
Rendez-vous au volume trois, en août.