ZOO
couverture de l'album

Série : BerserkTome : 41/42Éditeur : Glénat Manga

Scénario : Kentaro MiuraDessin : Kentaro Miura

Collection : Seinen Manga

Genres : Manga, Seinen

Public : À partir de 16 ans

Prix : 6.90€

  • ZOO
    note Zoo5.0

    Scénario

    5.0

    Dessin

    5.0
  • Lecteurs
    note lecteurs
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Le synopsis du manga

Vous qui entrez ici, abandonnez toute espérance Au terme d'un long périple, grâce au rituel du "roi des pétales virevoltants", Casca s'éveille enfin de son éternel cauchemar. Mais alors qu'elle retrouve enfin Guts, ses souvenirs atroces lui reviennent et elle pousse un hurlement de terreur... Pendant ce temps, l'armée impériale de Griffith, bâtie autour de la nouvelle troupe du Faucon, fait son grand retour dans la capitale. La paix aurait dû s'installer un instant, mais... Guidées par le destin de l'île, les ténèbres et la lumière se croisent de nouveau !


Memento Miura

Dur-An-Ki est l’ultime œuvre inédite du démiurge indécent à l’origine de Berserk : un sacré testament à lire en opposition.

Kentaro Miura est un auteur qui a su imposer sa patte au point d’avoir ancré profondément dans l’esprit de son lectorat une dark fantasy qui fait maintenant office de monument. Toute autre œuvre qui aurait l’impudence ou l’imprudence de se lancer dans ce genre narratif particulier se compare nécessairement à cette référence absolue. On retient de Miura trois éléments fondamentaux : une dramaturgie diabolique, une prestance visuelle à hébéter un néophyte non averti, ainsi qu’un sens du détail obsessionnel et, par conséquent, des délais de publication à rendre fou un vétéran de la série dépendant de sa dose régulière de souffrance exacerbée.

D’ÉPÉE ET DES MAINS

À travers la quête de Guts, mercenaire patibulaire solitaire, mais pas esseulé armé d’une épée démesurée, d’une main mécanique et d’une haine à toute épreuve, Miura désacralise la cathédrale du corps physique. Pire, il en fait l’antichambre de psychés qu’il profane aussi dans la foulée. L’âme fusionne avec son réceptacle biologique dans un maelström de supplices dont elle devient le reflet. Les affrontements démoniaques dantesques qui font l’ADN initial de la série sont bousculés par l’enchaînement d’arcs narratifs savamment désordonnés durant lesquels l’auteur bouleverse l’ambiance de son récit et recolle les morceaux des pistes qu’il a précédemment initiées. En découle une série protéiforme dont les aspirations évoluent de façon notable.

CHUTE LIBRE JUSQU’AUX TRÉFONDS

Berserk est le messager de l’inexorabilité de la chute. Les moyens de s’extraire de la turpitude semblent illusoires, vains, encore plus contraignants que la simple résilience. Tourmentée, torturée, la longue maturation des personnages traduit celle de leur auteur à mesure que la traitresse lumière d’espoir se mue en véritable faisceau d’optimisme potentiel. Ayant enfin atteint le niveau nécessaire pour concrétiser la démesure de ses ambitions stylistiques, traduites par l’artisanat minutieux du moindre trait et l’endossement de ses glorieuses inspirations visuelles, Miura s’attache à faire de son personnage un phare évolutif, tantôt émetteur de rage traumatisée et tantôt désagrégateur de ses propres pulsions morbides, à l’aune duquel comparer tous les protagonistes guerriers. Le chaos grandiose, primordial et baroque, surchargé de motifs fluctuants, désespérément organique s’organise enfin quand d’ode de vengeance aveugle et contrainte la série devient une ode de la cicatrisation.

Berserk, tome 41
Berserk, tome 41

ABYSSUS ABYSSUM INVOCAT

Dur-An-Ki, série supervisée par Miura, puis finalisée par son équipe d’assistants, le Studio Gaga, est née des divergences potentielles sous-tendues derrière les choix effectués dans l’évolution de Berserk.

Berserk dépeint la destruction du monde dans les flammes de ses propres ambitions viciées, puis tente d’amorcer sa renaissance. Dur-An-Ki est le verso de cette perception. Son personnage hermaphrodite né du divin se veut un participant actif à l’élévation dont l’unicité permet l’innovation, mais dont la posture l’intègre dans la marche tout à fait naturelle des choses. La verticalité du divin y est totalement renversée. Les similitudes visuelles sont aussi frappantes, notamment dans un délectable bestiaire mythologique, que la disparité des propos s’affirme. La leçon d’humanité n’est ici pas assénée à la masse d’armes au-dessus de l’amas fumant des cadavres d’une civilisation entière. Elle se lit entre deux découvertes naïves. Elle se construit très joyeusement, brique par brique. Peut-être apprendrons-nous avec la reprise posthume de Berserk que Miura s’était découvert un cœur tendre et un regard bienveillant.

Article publié dans le mag ZOO MANGA N°4 Juillet-Août 2022


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