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couverture de l'album

Série : Ichi the WitchTome : 1/1Éditeur : Ki-oon

Scénario : Osamu NishiDessin : Shiro Usazaki

Genres : Aventure, Heroic fantasy, Shonen

Public : De 12 à 15 ans

Prix : 7.20€

  • ZOO
    note Zoo3.0

    Scénario

    3.0

    Dessin

    3.0
  • Lecteurs
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Le synopsis du manga

Après avoir été abandonné à six ans dans la montagne où il vit maintenant en solitaire, le jeune Ichi a développé un exceptionnel instinct de chasseur. La lutte pour la survie est une seconde nature chez lui, et il n’aime rien tant que remporter des duels à mort dans un milieu hostile. Alors, quand le majik maléfique Uroro menace le village voisin, il saute sur l’occasion de défier cette proie surpuissante ! Contre toute attente, il remporte le combat et devient ainsi le premier sorcier de l’Histoire… Mais un homme peut-il contrôler un tel pouvoir ?


ZOOM les sorcières en manga

Entre une exposition consacrée à L’Atelier des sorciers lors du dernier FIBD ou encore la prochaine sortie de Ichi the Witch, les sorcières ne cessent de fasciner le monde du manga.

Si la figure de la sorcière trouve ses racines dans les contes et légendes occidentales, sa transposition dans le manga japonais révèle une profonde réinvention culturelle. Contrairement à l’Europe, le Japon n’a alors pas connu les procès en sorcellerie ni l’influence de la religion chrétienne. Le mot japonais majo signifie à la fois « femme magique » et « femme maléfique » ce qui lui donne la même connotation qu’en occident. Mais grâce aux mangakas qui font abstraction de cela, le spectre de la sorcière japonaise est plus large. Elle est un personnage protéiforme, tour à tour mentor, héroïne, chanteuse de J-Pop monstre ou initiée.

Entre héritage occidental et réinvention culturelle

Dans les ouvrages shojo ou destinés à un jeune public, la sorcière est souvent représentée sous une forme bienveillante, voire attendrissante. C’est le cas dans Chocola et Vanilla ou Little Witch Academia, où la magie devient un outil de développement personnel. Ces jeunes filles, souvent en formation, découvrent leurs pouvoirs à travers des épreuves quotidiennes. Elles sont indépendantes, travailleuses et incarnent une sorcellerie douce.

À l’opposé, des séries comme Berserk ou Puella Magi Madoka Magica présentent des sorcières puissantes, souvent ambivalentes et marquées par la douleur. Dans Madoka Magica, la sorcière est aussi bien la victime que la menace, figure tragique issue du désespoir des jeunes filles. Ces œuvres interrogent la charge psychologique du pouvoir et mettent en scène la sorcellerie comme une forme de résistance ou de sacrifice.

Extrait de

Extrait de "Ichi the Witch" de Osamu NISHI et Shiro Usazaki
© Ki-oon 2025

Plus marginales, certaines sorcières incarnent une altérité inquiétante. Dans Soul Eater, Medusa est le personnage malfaisant de la série, et dans The Witch and the Beast, les sorcières sont souvent dépeintes comme monstrueuses, subversives et persécutées. Cette tension entre fascination et rejet rappelle les traditions européennes, mais avec une relecture postmoderne et parfois féministe.

Mais cette réinvention culturelle ne se limite pas au rôle ou à l’apparence de la sorcière. Dans L’Atelier des sorciers, par exemple, la magie est un art complexe, codifié, presque artisanal.

Loin du cliché de la magie instantanée, elle requiert apprentissage, rigueur et sens moral. La sorcière devient ici une artisane, une passeuse de savoir, mêlant responsabilité et transmission.


Une œuvre comme Flying Witch offre quant à elle une vision douce et quotidienne de la magie, liée à la nature et aux traditions locales. Loin du registre épique ou du spectaculaire, la sorcière y vit au rythme des saisons. Cette approche quasi-chamanique puise aussi bien dans les croyances shintoïstes que dans un imaginaire écologique contemporain.

Par le pouvoir du prisme lunaire !

De façon plus large, le genre de la « magical girl » (majokko) a joué un rôle fondamental dans la transformation de l’image de la sorcière au Japon. Depuis Sally la petite sorcière dans les années 1960 jusqu’à aujourd’hui, ces figures féminines souvent adolescentes prennent à revers les clichés de marginales diabolisées, pour faire place à de jeunes héroïnes vulnérables en quête de leur identité. De Gigi (Minky Momo) en passant par Creamy et Creamy Magical DoReMi pour ne citer que les plus connues, c’est toute une histoire de la sorcière à la japonaise qui s’est formée, généreuse, positive et bienveillante.

Et diverses, comme c’est le cas de Sailor Moon ! Bien souvent, elles deviennent par la force des choses une super-héroine, parfois pour attirer un public plus orienté tokusatsu. Et après des années de fan-service, comme ce fut le cas de Cutey Honey, le genre tout entier s’est ensuite ouvert au registre de la parodie. C’est comme cela qu’on est arrivé au concept des magical boys, comme avec Magical Girl Ore. Au-delà du personnage, la sorcière devient surtout un motif esthétique et narratif. Elle représente la frontière entre le monde réel et magique, humain et spirituel, et questionne les normes sociales. Sa magie n’est pas seulement un pouvoir, mais aussi un vecteur d’émotions, de conflits ou d’émancipation.

Extrait de

Extrait de "Ichi the Witch" de Osamu NISHI et Shiro Usazaki
© Ki-oon 2025

Certaines oeuvres récentes utilisent même cette figure pour aborder la question du handicap ou de la différence. Ainsi, L’Atelier des sorciers évoque des personnages physiquement marqués ou exclus, montrant que la magie peut être aussi un outil d’acceptation de soi. La majo devient alors une métaphore de l’altérité et de la résilience.

Le manga ne se contente donc pas d’adopter la figure occidentale de la sorcière ; il la transforme. Libérée du poids historique de la persécution religieuse, la majo japonaise devient une figure de changement et d’émancipation, parfois de révolte, ancrée dans un imaginaire profondément hybride. Ce n’est pas un hasard si aujourd’hui, Ichi the Witch tente un twist à la formule avec un garçon qui devient le premier sorcier de l’histoire. hybride. Mais en sérieux, cette fois !

Le mythe de la sorcière dans les manga est bien de plus en plus vaste. Elle incarne les multiples visages des femmes fortes, une véritable mythologie moderne.

Article publié dans ZOO Manga N°22 Novembre-Décembre 2025

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