Depuis une dizaine d’année, les hommes peuvent tomber enceints ! Kentarô Hiyama n’y avait jamais pensé, de toute façon ce n’est pas sa vie : célibataire, aimant les femmes, avec un plan de carrière bien défini… Jusqu’au jour où son médecin lui annonce qu’il est enceint. Alors sa vie bascule.
La Grossesse de M. Hiyama joue sur les codes pour les retourner : en donnant aux hommes la possibilité d’être enceint, c’est avant tout un moyen pour souligner les problématiques liées à la grossesse, des enjeux plus sociétaux, etc. L’autrice exploite le sexisme, les inégalités salariales, les problèmes médicaux, mais aussi les relations amoureuses avec ce jeune homme enceint, célibataire et carriériste qui va, par la force des choses et des rencontres, fonder un foyer. Le ton oscille entre critique sociétale et tranche de vie plus légère renversant les genres, mais le fait toujours avec bienveillance. On se prend d’affection pour ce jeune homme à plus forte raison que le renversement des codes (et le fait qu’il est enceint) pousse à souligner les étrangetés du quotidien, les comportements parfois maladroits (ou pire) que l’on peut avoir face à une femme enceinte.
La Grossesse de M. Hiyama, Tome 1 ©Akata, 2023
C’est dans son propos comme dans son parti-pris graphique que La Grossesse de M. Hiyama prend tout son intérêt. Le dessin fin, léger et aux visages fins souligne d’autant plus les ventres ronds des différents personnages et surtout de Kentarô. L’autrice joue sur les contrastes, sur les codes de la romance par moment, comme pour cette magnifique rencontre avec une jeune femme dans le métro, où c’est elle qui le sauve lui d’une situation potentiellement embarrassante. Tout n’est alors que jeu de miroir entre notre société et ce renversement de situation qui nous fait prendre conscience de pas mal de choses. Les enjeux sociétaux sont d’ailleurs particulièrement bien rendus, sans trop en faire, restant en arrière-plan bien présents mais n’empiétant pas avec le reste de l’intrigue.
En somme, La Grossesse de M. Hiyama est une fresque sociale et intime, une tranche de vie sur la grossesse et sur les hommes, sur le sexisme aussi, qui nous délivre son message avec humour, délicatesse et une petite touche d’ironie plutôt bien sentie. Un régal en un seul volume qui se clôt d’une façon très belle.
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