Mars 2086. À peine sorti du coma, le soldat Adam Garfield se voit attribuer une nouvelle mission. Lutter contre une mystérieuse maladie censée avoir disparu 8 ans plus tôt après une terrible épidémie.
Adam est militaire. Démineur jusqu’à ce qu’une mission lui coûte une jambe. Après un coma de 2 semaines, un lieutenant général antipathique lui propose une alternative à la démobilisation : devenir le compagnon d’un plongeur. Ils plongent dans les rêves des patients atteints de la maladie du sommeil, seule méthode connue permettant de sauver les malades. Car ceux qui ne se réveillent pas, meurent. Mais en mars 2086, cela fait 8 ans que la maladie a été éradiquée. Alors pourquoi lui demander de devenir le compagnon d’un plongeur ? Et pas de n’importe quel plongeur, de Rune Winter est « Le Roi des Limbes ». Qui n’est autre que celui qui a sauvé l’humanité lors de la première épidémie. Il y a 4 mois, de nouveaux malades sont apparus. Cette fois, la maladie semble plus tenace, virulente et meurtrière que jamais.

© AI TANAKA/ KODANSHA LTD.
Composition aux petits oignons
Le Roi des Limbes est un thriller de SF qui touche deux sujets captivants, opposés, mais complémentaires : le concept d’épidémie, qui nous est désormais familier, et l’idée d’une maladie siégeant dans nos rêves, fantaisie flirtant avec l’inconnu, typique d’un Maupassant. L’univers de cemanga justifie son récit à lui seul. Il attise la curiosité avec énormément de charme d’autant que cet univers est porté par des paysages impactants.
D’une certaine façon, l’autrice, Ai Tanaka, s’économise sur le graphisme en choisissant judicieusement ce qu’elle détaille. Les paysages, puissants, lorsqu’ils servent à marquer le lecteur. Sinon, ils sont presque inexistants. Ils sont alors comblés par les mimiques humoristiques des personnages. Humour qui intime un rythme fluide, ponctué de jeux de mise en scènes cinglants.

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Enigmes dès les premières pages
Tout, dans Le Roi des Limbes, s’articule autour des rêves. Avant même le début des péripéties, des indices sont disséminés à travers les voyages oniriques des personnages. Liés peut-être, à la connexion involontaire et spéciale entre Adam Garfield et Rune Winter. Liés aussi, à la maladie elle-même. Ou à un mystère que le lecteur ne peut pas encore percevoir.
De par l’omniprésence d’une épidémie et de son impact sur le monde, Le Roi des Limbes n’est pas sans rappeler Eden d’Endo. La série cependant – 177 pages et 6 tomes au total – ne peut-être comparé au géant Eden. C’est une histoire moins lourde aux multiples possibilités encore insoupçonnables.
Et si les concepts de la maladie du sommeil et du remède par le rêve sont connus (cf : Inception, Film – 2010 et Sandman, BD – 1989), l’histoire d’Ai Tanaka est agitée par nombre d’énigmes et autres péripéties survoltées. Un manga prometteur.