Après 10 ans de publication et plus de 100 millions d’exemplaires vendus au monde, les super-héros de l’académie tirent leur révérence.
Cent millions d’exemplaires en circulation sur toute la planète. C’est un chiffre qui place My Hero Academia série dans le club très fermé des mangas les plus vendus de l’histoire. La liste des titres ayant réussi à dépasser ce palier mythique ne contient que 23 noms et parmi ceux-ci, on retrouve les grands classiques, à savoir Dragon Ball, Bleach, Naruto et autres Crayon Shin-chan. Malgré la petite guerre d’influence opposant les fans des autres séries à succès du moment, l’exploit reste tout à fait notable.
MHA, JJK, AOT, Kimetsu no Yaiba, si vous savez de quoi je parle uniquement grâce à ces appellations étranges, c’est parce que ces séries représentent un nouveau plateau générationnel. Cette fournée simultanée au succès stellaire recrée, pour toute une génération de lecteurs et lectrices, forme un socle culturel, des œuvres inoubliables ancrées au cœur de leur personnalité d’amateur et d’amatrices de manga.
Rentrée des gens classes
Si ces sigles ne vous disent rien, laissez-moi vous amener au fameux MHA de My Hero Academia. Comme le nom de la série l’indique, l’histoire du manga se déroulera partiellement en milieu scolaire. On y suit le développement intense et motivé d’Izuku Midoriya, alias Deku, un type sans pouvoir (appelé ici Alter) dans un monde ou 80 % de la population en possède, qui formule pourtant le rêve d’aider héroïquement son prochain. Sa bravoure de gamin banal touche en plein cœur le plus grand super-héros de tous les temps, All Might, qui décide contre toute attente de lui confier son pouvoir, une démarche qui, en temps normal, est totalement impossible.
Deku devra donc faire face à de multiples défis : maîtriser un pouvoir immense et autodestructeur qui n’est pas le sien, se mêler à une classe d’ados chaotique aux ambitions et aux traumas marqués, se défendre face aux agressions intensifiées de super-vilains qui se développent en même temps qu’eux… Vaste programme.
Amitié jamais à moitié
MHA propose avec talent un exemple quasi parfait de son archétype littéraire, formant ainsi une nouvelle base de référence mise à jour. Expression la plus pure du shônen Nekketsu, rage de vaincre, justice et optimisme en étendards, My Hero Academia ne ménage pas ses personnages. La trame scolaire est utile au maillage social des apprentis héros, mais leur progression étudiante sera systématiquement mise à mal par le pan sombre de l’accès aux super-pouvoirs. Ni anodine, ni expédiée, la voie des vilains prend tout son sens à mesure que les affrontements se répercutent les uns sur les autres.
L’auteur fait aussi preuve d’une évolution monstrueuse sous la forme d’un affinage graphique presque exponentiel. Si la série débordait de vie et d’énergie dès le début, ses planches finales sont une autre expression d’explosion stylistique.
My Deku Academia
MHA est un formidable outil à exaltation. Ce tome 42 conclusif (le même nombre que Dragon Ball, curieux hasard) est totalement fidèle aux ambitions du récit et reste cohérent dans son propos. Si certains enchaînements ne s’éloignent pas du cliché du nekketsu bienveillant, ils demeurent la légitime continuité des 41 tomes précédents.
L’auteur projette admirablement ses visions sur papier dans un final qui, quoi que dans les clous pour un tel affrontement, ne cesse d’ébahir visuellement. La force dramatique de la conclusion n’est pas non plus dénuée de poésie grâce aux multiples chapitres d’épilogues qui viennent satisfaire les désirs des fans. Dans cette volonté d’assainir et de poursuivre le cycle, la série se construit comme deux boucles conjointes, l’une rompue et l’autre réparée.

" Expression la plus pure du shônen Nekketsu, rage de vaincre, justice et optimisme en étendards, My Hero Academia ne ménage pas ses personnages. "
© Ki-oon, 2025 - Kohei Horikoshi
Article publié dans le Mag ZOO Manga N°19 Mai-Juin 2025