En réalisant l’adaptation sur grand écran de son héros le plus fédérateur, Joann Sfar signe une jolie fable sur la nécessité de se rebeller pour grandir tout en insufflant son amour pour Nice, sa ville natale.
Il y a fort longtemps, la superbe Pandora eut maille à partir avec un prince arrogant qui, subjugué par sa beauté, voulut la prendre pour femme. Mais l’union tant désirée prit un tournant mortel lorsque l’amoureux découvrit que Pandora avait un petit garçon. Dos au mur, Pandora invoqua les forces occultes du Hollandais volant pour sauver leur peau. Ce que s’empressa de faire ce dernier en leur offrant, au passage, la vie éternelle, avant de trouver refuge dans une maison hantée près de la Côte d’Azur…
Les siècles ont passé et le garçon métamorphosé en petit vampire n’en peut plus de son quotidien ennuyeux et veut découvrir le monde. Ce serait omettre que l’amoureux éconduit a, lui aussi, pactisé avec les ténèbres pour assouvir sa vengeance…
La magie du mouvement
Ceux qui ont lu la première série de Petit Vampire seront en terrain connu puisque Joann Sfar s’inspire largement du tome inaugural Petit Vampire va à l’école. La joyeuse troupe de morts-vivants, l’attrait pour l’inédit et l’aventure de Petit Vampire aux dix printemps éternels, désemparés face à la répétition du train-train quotidien confiné, l’amitié naissante avec Michel, le cancre des vivants à l’aide des devoirs... Tout est là, décuplé par la force de l’animation et du son. Joann Sfar épure son trait originel pour mieux mettre en valeur la grâce en mouvement de Pandora et du Hollandais et la truculence du trio comique Fantomate, Marguerite et Ophtalmo.
Grandir malgré les peurs éternelles
Parce que le fond, le plus important, est préservé. Derrière le rythme mené tambour battant et les traits d’humour hilarants, Petit Vampire, le film demeure encore et toujours un beau conte sur la nécessité de grandir contre les peurs enfantines et surtout parentales, quitte à recourir à la désobéissance et à fouler les chemins de traverse pour s’affirmer. Ceux, pavés de pierres et superbement baignés de lumière de Nice, la ville natale de Sfar, sont un personnage à part entière dans ce film d’animation. Poétique et hors du temps, sa Cité des Anges se met au diapason des thématiques intemporelles de ce conte si personnel.
Article publié dans le Mag n°78 - Novembre - Décembre 2020
Pour aller plus loin
ZOO78
cinéma
animation
Jeunesse
MortsVivants
Vampire
Votre Avis