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Un Road-Movie initiatique manquant un peu de souffle

Acheté par Netflix, L’Enfant du mois de Kamiari est une plongée agréable dans le folklore shintoïste nippon. Mais son manque d’identité propre et ses emprunts évidents à Miyazaki peinent à le rendre mémorable.

La sortie dans les salles japonaises de L’Enfant du mois de Kamiari en octobre dernier était une stratégie bien rodée dans la mesure où le début de l’automne est une date clé dans le folklore shintoïste. En effet, au printemps fleurissent les prières des fidèles pour de bonnes récoltes quand octobre coïncide avec le moment de la gratitude et des offrandes aux innombrables divinités du panthéon Shinto ayant prodigué d’abondantes moissons. Un contexte qu’il est important de rappeler pour saisir les enjeux rapidement déployés dans le film de Takana Shirai.

Kanna, son héroïne préadolescente, n’a que faire de ces légendes d’une époque révolue. Endeuillée et perturbée, elle peine à surmonter la mort de sa mère, emportée par la maladie. Jusqu’à ce jour d’octobre où, soudainement, le temps ralentit considérablement au point de laisser les premières gouttes de pluie automnales en lévitation. Un lapin doué de parole et un jeune démon font irruption et l’informent que sa mère cachait bien son jeu : elle était l’héritière d’une longue lignée d’êtres magiques, chargés de collecter des offrandes spéciales de divinités réparties sur l’immensité de l’archipel pour les apporter au plus vite au sanctuaire d’Izumo. Car toute livraison effectuée en retard plongerait le Japon dans un futur peu souhaitable. C’est donc à Kanna de reprendre le flambeau, et de préférence au pas de course.

Un Road-Movie initiatique manquant un peu de souffle

© L’ENFANT DU MOIS DE KAMIARI de Takana Shirai


Assiduité contre originalité

Le passage du quotidien très ordinaire de Kanna à un monde fantastique empreint de religiosité shintoïste en rappelle immanquablement un autre : celui de Chihiro dans le classique de Hayao Miyazaki. De même, le motif du deuil difficilement surmontable est voisin de celui vécu par les héros des Enfants loups, Ame & Yuki de Mamoru Hosoda. L’Enfant du mois de Kamiari a beau être le premier film de la réalisatrice Takana Shirai, cette dernière dispose d’un sacré pedigree dans l’animation pour avoir mis en mouvement les louveteaux d’Hosoda et le destin tragique de la princesse Kaguya dans le chef-d’œuvre éponyme d’Isao Takahata.

Un film d'animation parfaitement calibré quoique manquant un peu de singularité.

Un Road-Movie initiatique manquant un peu de souffle

© ZOO MANGA © Coline Germain, 2022

C’est pourquoi, en tant que chef d’orchestre, Takana Shirai offre ici un film d’animation propre et parfaitement calibré quoique manquant un peu de singularité dans son étrangeté.

L’Enfant du mois de Kamiari a pour lui d’être une jolie carte postale touristique et animée du Japon avec ses superbes décors. La rencontre avec un dragon divin donne même lieu à une séquence aérienne particulièrement réussie. Mais ses fulgurances éparses se voient régulièrement amoindries par une conduite du récit par trop atone. Un comble pour un film faisant de l’urgence et de la course à pied ses sujets centraux.

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