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Si Marguerite Abouet m'était contée

Cette exposition retrace l’œuvre et le parcours de la scénariste d’Aya de Yopougon en nous plongeant dans son univers et son inspiration.

« On voudrait que les gens ressortent avec le sourire », précise d’emblée Benjamin Roure, l’un des organisateurs de l’exposition avec Romain Gallissot. Quel plus bel hommage peut-on en effet rendre à Marguerite Abouet que celui de voir les visiteurs arborer le même sourire que les lecteurs d’Aya de Yopougon, d’Akissi, du Commissaire Kouamé ou de Bienvenue ?

Jeux de mots

L’exposition permet de prendre conscience du poids des jeux de mots et des formules dans l'œuvre de Marguerite Abouet. Rares sont les scénaristes qui ont prêté autant d’attention au texte et aux dialogues. Une salle est d’ailleurs consacrée à son écriture très particulière mêlant adages africains, invectives ivoiriennes et saillies subtiles… De ces écrits naît alors « un véritable théâtre de boulevard avec ces portes qui claquent, ces entrées et sorties fracassantes, ces personnages pleins d’émotion », presque un soap opera en BD. On apprend d’ailleurs dans l’exposition que Marguerite Abouet a été scénariste d’une série sénégalaise à succès C’est la vie. La Gâteuse de foyers, programme phare de la télé ivoirienne que les fans d’Aya découvrent dans le tome 7 n’est donc pas si loin.

« Marguerite Abouet sait capter l’attention avec son enthousiasme naturel », confirme l’organisateur. Dans ses ouvrages, elle raconte une histoire passée, mais tellement actuelle, un récit en Afrique aux thèmes universels, ceux de la vie : l’amour, la famille et la tradition.

Si Marguerite Abouet m'était contée

© Marguerite Abouet

Direction l'Afrique

« Nous avons eu la volonté scénographique de mettre en avant Abidjan », complète Benjamin Roure. La première salle reproduit ainsi le quartier populaire de Yopougon : le foyer, la famille, la télévision, les années 70 et 80. L’exposition devient un voyage sur le continent ouest-africain avec sa culture, ses cuisines, ses épices, ses odeurs, ses couleurs, ses tissus et ses tenues. Le wax (tissu en coton aux motifs très colorés) est l’un des fils rouges de l’exposition. L’Afrique dans toute sa richesse et toute sa truculence se retrouve aussi grâce au talent des dessinateurs Clément Oubrerie (Aya de Yopougon), Mathieu Sapin (Akissi) et Donatien Mary (Commissaire Kouamé), qui ont tellement bien su croquer les scènes de vie. L’Afrique encore qui apparaît avec parfois toute sa dureté dans des thématiques fortes – et toujours actuelles – l’émancipation des femmes, la pauvreté, le poids de la tradition, les mariages forcés, les études et même l’accès à la lecture (Marguerite Abouet a d’ailleurs fondé en 2008 l’association « des livres pour tous »). Autant de sujets que l’autrice a su partager avec habileté et humour, sans doute parce qu’il y a du vécu, des souvenirs y compris dans Bienvenue dessinée par Singeon (la seule série hors Afrique), qui décrit la vie parisienne d’une étudiante en art fauchée.

C’est la force de cette exposition : s’adresser aux enfants en se mettant à hauteur d’adultes pour toucher tous les publics, comme les oeuvres de Marguerite.

Article publié dans le Mag ZOO N°90 Janvier-Février 2023

Angoulême2023

Exposition

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