Le réalisateur Pablo Berger réussit son passage au cinéma d’animation avec Mon ami Robot, fable moderne sur la solitude en milieu urbain, adaptée d’un classique instantané de la bande dessinée jeunesse aux États-Unis.
New York abrite, dit-on, huit millions d’habitants et autant d’histoires potentiellement passionnantes ; d’autant plus quand elle est peuplée exclusivement d’animaux anthropomorphes qui vaquent à des activités humaines à la manière de BoJack Horseman. Parmi eux, DOG, un chien rondouillard décide un jour de mettre un terme à sa morosité solitaire en commandant un robot de compagnie. Son quotidien change radicalement pour le meilleur. Jusqu’à cette funeste journée à la plage au cours de laquelle Robot souffre d’une paralysie due à la rouille. DOG ne peut le bouger et l’été touche bientôt à sa fin…
Quand il ne manque plus que la parole
De l’espagnol Pablo Berger, on se souvient de Blancanieves onze ans plus tôt, éblouissante et cruelle recréation du conte de Blanche-Neige à l’heure de la tauromachie dans l’Andalousie des années 20. Il se dégageait déjà chez Pablo Berger une croyance quasi religieuse au seul pouvoir de l’image puisqu’il s’agissait d’un film muet. Parce que la bande dessinée Robot Dreams de Sara Varon développe également ce refus de recourir à la parole pour mieux s’appuyer sur la force du langage oculaire ou corporelle pour transmettre des messages tout sauf simplistes ou rassurants, on ne peut que comprendre ce qui a poussé le cinéaste à la porter à l’écran… sans oublier le fait que Pablo Berger a lui-même vécu longtemps dans la ville qui ne dort jamais.
Mon ami robot © Pablo Berger
Septembre doux-amer
Pour son passage à l’animation traditionnelle, Pablo Berger s’inspire de la ligne claire chère à Hergé et au meilleur de la bande dessinée franco-belge avec ses traits réguliers et ses aplats de couleurs franches. Il en résulte des visions urbaines tour à tour denses, aliénantes et séduisantes avec un bel effet de contraste entre le formalisme faussement enfantin et le fond résolument doux-amer. Par la seule force de sa mise en scène, Mon ami Robot prolonge intelligemment le caractère mélancolique de l’œuvre de Sara Varon à travers le mouvement et surtout le son. Par ses clins d’œil malins au Magicien d’Oz, aux chorégraphies endiablées de Busby Berkeley et l’usage en leitmotiv du tube disco September d’Earth Wind & Fire, ce joli film parvient avec grâce à faire ressentir combien le temps et des circonstances malheureuses peuvent altérer des liens amicaux que l’on croyait inébranlables.
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