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Les 7 vies d'André Juillard

À l'heure où les J.O. occupent le devant de la scène, une triste nouvelle fait grand écho dans le monde de la bande dessinée : André Juillard nous a quittés ce 31 juillet, à l'âge de 76 ans. Retour sur la carrière de ce Maître, en 7 vies… 

Première vie

André Juillard fait ses armes dans la presse BD dans les années 70. Parmi ses multiples travaux, citons les séries Bohémond de Saint Gilles (avec Claude Verrien) dans Formule 1, Isabelle Fantouri (avec Didier Convard et Jacques Josselin) dans Djin et surtout Masquerouge (avec Patrick Cothias) dans Pif. Son trait déjà sûr est remarqué par les lecteurs. Mais même si certaines histoires sont publiées en albums, le succès reste alors confidentiel.

Deuxième vie

C'est avec une prolongation repensée de Masquerouge, sous le nom Les 7 vies de l'Epervier, qu'André Juillard connaît son premier grand succès, au début des années 80. Cette épopée romanesque située à l'époque de Henri IV a fait date dans l'histoire de la BD historique. Allié à un scénario très maîtrisé de Cothias, son dessin élégant, précis et bien documenté a conquis toute une génération de lecteurs mais aussi d'auteurs qu'il a influencés dans le registre "BD historique". Il suffit de regarder nombre de séries de la collection Vécu pour s'en convaincre. 

Troisième vie

Grand admirateur du Jacques Martin d'Alix, qui a contribué à son goût pour l’Histoire, Juillard réalise un de ses rêves en dessinant dans les années 80 sur scénario dudit Martin les trois premiers tomes d'Arno, récit se passant pendant la campagne d'Egypte de Napoléon. Juillard assume sa filiation « classique » et prouve à nouveau l’étendue de son savoir-faire.


Quatrième vie

Mais c'est avec un récit contemporain qu'il s'affranchit de ses scénaristes et influences en signant en auteur complet Le cahier bleu. Prépublié dans (A SUIVRE) puis édité en 1994, ce one-shot est un grand succès, qui lui permet d’élargir son public. Juillard lui donne une suite quelques années plus tard, Après la pluie.

En parallèle, Juillard illustre à partir du milieu des années 90 un second cycle des 7 vies en 4 tomes, Plume aux vents, toujours avec Cothias, dans lequel sa représentation des grands espaces nord-américains fait notamment merveille.

Cinquième vie

Nouveau défi pour un auteur qui ne s'endort pas sur ses lauriers : la reprise de Blake et Mortimer, une série qui a fortement marqué son enfance. En l’an 2000 sort La machination Voronov. Six autres titres suivent jusqu’en 2016. Chaque album lui demande deux années de travail. Pour cette reprise, le dessinateur réalise de nombreux crayonnés poussés d’une grande élégance que l’on a pu admirer dans diverses expositions et ouvrages d’art.

Après plusieurs années d’arrêt, un dernier Blake et Mortimer sous sa plume, Signé Olrik, est annoncé pour l’automne 2024.L’action se déroule dans les Cornouailles, entre groupuscule indépendantiste et légendes arthuriennes.

Sixième vie

La politique-fiction était un terrain qu’il n’avait pas encore exploré (quoique… avec Blake et Mortimer, si, d’une certaine manière) et il s’y emploi dans la seconde moitié des années 2000 avec Pierre Christin au scénario. Le résultat s’appelle Léna, d’abord en deux tomes, avant un troisième, tardif, paru en l’an 2020.

Septième vie

André Juillard a très envie de dessiner des avions et ceux de Blake et Mortimer ne lui suffisent pas ! Le scénariste Yann lui permet d’exaucer ce rêve en 2011 avec Mezek, se situant au moment de la création de l’État d’Israël, puis en 2018 avec Double 7 qui se déroule pendant la guerre d’Espagne. L’Histoire, à nouveau, mais au XXè siècle, cette fois.

Dans les années 2010, le dessinateur reste fidèle à Patrick Cothias avec un 3è cycle des 7 vies, se déroulant quinze ans après Plume aux Vents, qu’il poursuit jusqu’en 2021 avant de passer la main à Jovanovic. Ces 7 vies furent vraiment un fil rouge tout au long de sa carrière.


Au-delà des sept vies d’André Juillard

L’artiste a réalisé bien d’autres travaux que nous ne pouvons pas évoquer ici, cela prendrait trop de place. Et derrière l’œuvre, il y avait l’homme. Humble, peu bavard, mais l’œil pétillant de gentillesse. Les personnes qui ont eu la chance de le croiser voire de le connaître vraiment s’en souviendront avec émotion.

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