Quatre ans après le radical Ailleurs, Gints Zilbalodis confirme son talent de conteur hypnotique et onirique avec Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau, magistrale fable écologiste taiseuse dans laquelle une ménagerie tente de survivre à un déluge biblique.
Il suffit parfois d’un rien pour planter un décor ou une ambiance qui ne lâchera plus le spectateur jusqu’au générique de fin. Dans Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau, tout commence avec un stupéfiant plan-séquence mettant en scène un facétieux chat noir. L’élégant félidé se met en recherche de nourriture sur les rives d’un cours d’eau zébrant une forêt luxuriante au couchant. Il est peu après pris pour cible par une meute de chiens quand, soudainement, le ruisseau vire au fleuve déchaîné emportant tout sur son passage. Ce sont les prémisses d’un déluge aux proportions bibliques qui vont conduire le petit chat à trouver une arche de fortune avec d’autres compagnons du règne animal…
Flow, le chat qui n'avait plus peur de l'eau © Gints Zilbalodis
Le radeau de la ménagerie
Une maison d’artiste cozy où vit seul le chat, des statues minérales géantes environnantes, Flow présente un monde peuplé de vestiges construits signés de la main de l’Homme qui semble s’être éteint il y a peu. Ne pas chercher d’explication : à l’image d’Ailleurs, premier coup d’éclat de Gints Zilbalodis, Flow n’est pas du genre bavard. Le jeune prodige letton de l’animation 3D ne fait pas que reconduire les forces de sa signature basée sur la contemplation confinant à l’hypnotisme : il l’amplifie comme jamais avec cette odyssée 100 % animale tout en refusant de céder aux facilités anthropomorphiques.
Flow, une odyssée naturaliste magnifiée par ses textures aquarelles © Flow, le chat qui n'avait plus peur de l'eau - Gints Zilbalodis
En effet, Flow raconte par la seule force de sa mise en scène à « hauteur de quadrupèdes » façon caméra à l’épaule des tranches de survies au cœur d’un équipage disparate constitué d’un chat, d’un golden retriever, d’un capybara, d’une grue et d’un lémurien. Et Gints Zilbalodis a l’intelligence de les laisser être des animaux crédibles, tiraillés entre la nécessaire coopération et la mise à distance instinctive, sans sentimentalisme artificiel. Ainsi, Flow s’envisage comme une odyssée naturaliste magnifiée par ses textures aquarelles pour mieux nous cueillir lorsqu’il amorce son dernier mouvement onirique et poétique. Telle est la grandeur de ce film marquant qui, à l’image de son matou, a le don de retomber constamment sur ses pattes…
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