Chaque vendredi, on découvre ensemble une planche de l'immense collection de la Cité de la bande dessinée et de l'image d'Angoulême qui propose jusqu'en août 2026 une exposition fascinante et sans cesse renouvelée : Trésors des Collections. Dans la section Patrimoine , découvrez la planche #29 :

Le mot du commissaire de l'exposition, Jean-Pierre Mercier
Le mot du chroniqueur de ZOO, par Frédéric Grivaud
Au moment où se situe la scène présentée dans cette planche, le chevalier Jean de Veyrac, après moultes aventures, a enfin réussi à retrouver la jeune et jolie signora Cavalaros qui avait été enlevée auparavant par le mystérieux Capitaine Fantôme. Il n’a pu malgré tout empêcher la jeune femme d’être mortellement blessée. Il l’a donc lui-même mis en terre. Cependant, il vient de découvrir la tombe mystérieusement profanée, tandis que des sanglots semblent s’éloigner dans la jungle. Troublé, il tente de retrouver la signora, mais rien n’y fait. Encore sous le coup de l’émotion il revient au camp, auprès de ses compagnons pirates.
A ce moment, le récit glisse progressivement vers une ambiance quelque peu fantastique qui amène le héros à repartir en quête de celle qui l’a obsédé depuis des mois. Il ne se doute néanmoins pas que son aventure va bientôt se conclure.
On se rend alors compte de la maîtrise de Marijac, cet art de l’aventure feuilletonnesque, de ces mille et un rebondissements qui alimentaient un récit en flux tendu absolument captivant. Le chevalier étant un gentilhomme qui, en voulant absolument retrouver ses amis va être amené à devenir lui-même un corsaire, puis être condamné à mort pour finalement s’enfuir…
Mais cette planche est surtout l’occasion de redécouvrir Raymond Cazanave, un artisan extrêmement doué, qui, au moment où il entame ces aventures du Capitaine Fantôme, n’a pas forcément une grande expérience de la bande dessinée, mais en maîtrise déjà tous les codes. Son dessin est précis et détaillé, comme on peut le voir dans d’autres pages ou il exécute des scènes d’abordage absolument incroyables, ou encore les détails sur les bateaux, sur les costumes, dans les bars, un travail de reconstitution très impressionnant. On peut aussi voir cette magnifique gestion des ombres et de la lumière.
Parfait exemple de cette génération d’illustrateurs de journaux méconnus qui ont pourtant contribué à faire de la bande dessinée ce qu’elle est aujourd’hui, Raymond Cazanave mériterait d’être davantage réhabilité. Les histoires du Capitaine Fantôme ont malgré tout donné lieu à deux albums parus chez Glénat et réuni en intégrale, en 1999.

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