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Rencontre avec Mirka Andolfo et son héroïne cartoony, Paprika, pleine de charme

Parmi la foule de sorties, Sweet Paprika, apparaît comme une excellente surprise, pleine d’énergie. L'occasion de rencontrer Paprika, directrice d’édition un peu frustrée dans sa vie amoureuse et sociale, qui s’amourache d’un producteur, mais qui se rend compte qu’elle aurait bien besoin d’un peu… d’entraînement quand même. C'est lors du dernier FIBD d’Angoulême, que nous avons eu le plaisir d'échanger avec l’autrice Mirka Andolfo pour évoquer ce surprenant album et son héroïne cartoony, pleine de charme.

Sweet Paprika aux éditions Glénat

La Version Française Sweet Paprika aux éditions Glénat

Comment définiriez-vous le style de Sweet Paprika ?

Mirka Andolfo : Il est très cartoon, j’aime bien le contraste du dessin avec l’histoire qui est assez mature, tout en étant drôle et très sexy aussi. J’apprécie ce mélange d’approches.

C’est ce qui est intéressant, ce dosage entre la comédie romantique et cet aspect très cartoon, avec des expressions parfois aux limites de l’hystérique. Quelle était la limite entre l’humour et le fond de l’histoire qui parle des fantasmes de l’héroïne, de son histoire intime ?

M.A. : À mon avis, ces éléments doivent coexister dans l’histoire. J’aime bien garder cette variété d’approches dont je parlais tout à l’heure, sinon ça serait vain, ou simplement vide.

En fait, à aucun moment ça n’est ennuyeux. Chaque scène est très prenante. Quelle partie de vous se retrouve dans Paprika ?

M.A. : On dit que ça n’est pas moi, bien sûr, mais il y a toujours une partie de nous dans nos personnages, y compris moi. Il y a un moment dans ma vie ou j’étais « Workaholique » et je mettais trop cet aspect avant le reste, ça m’a fait beaucoup penser aux personnages de Paprika. Comme avec Dill, par exemple, qui peut amener l’idée que des artistes comme moi peuvent être maladroits. Disons que les aspects négatifs comme positifs sont souvent dans tous les personnages, même inconsciemment.

Au fur et à mesure, Paprika se transforme, elle n’est plus forcément la même qu’au début, coincée dans son travail. Quelle était l’intention initiale en pensant ce projet ?

M.A. : Disons que Paprika, c’est l’histoire d’une fille qui a mûri trop tard sur le plan sentimental, au niveau des relations sexuelles, mais aussi au niveau de l’amitié. Sa relation avec sa famille, avec les autres est disons-le, délicate. Elle a aussi eu des déceptions amoureuses. Elle a donc grandi en se concentrant sur un seul aspect de sa vie qui gardait le contrôle sur son quotidien, sur son travail, c’est ce qui lui semblait le plus important. Petit à petit, elle découvre que la vie n’est pas comme ça. C’est important de bien comprendre que Paprika ne déteste pas son travail, qu’elle est même contente de ce qu’elle a construit. Il faut juste qu’elle trouve un équilibre entre son travail et sa vie amoureuse.

La version originale (US) de Sweet Paprika aux éditions Image Comics

La version originale (US) de Sweet Paprika aux éditions Image Comics


Dans l’album, sa vie sentimentale, sa sexualité sont traitées de façon assez «frontale». Le côté cartoon permet justement d’adoucir cet aspect parfois plus adulte.

M.A. : Absolument, à tel point qu’il n’y a pas autant de scènes sexy traitées sérieusement. Il y a beaucoup de blagues, d’humour, d’expressions exagérées.

Qu’est ce qui a inspiré Sweet Paprika ?

M.A. : Comme dans tous mes projets, je pars d’un personnage qui dessine sur son temps libre. Il y a eu un moment où je dessinais régulièrement ce petit diable dans un coin. J’ai toujours été, en parallèle, attirée par les comédies romantiques américaines, par les mangas, ce qui m’a amené à créer ce projet un peu particulier.

De ce que je connais de votre travail, dans les comics, j’ai le sentiment que Sweet Paprika pousse l’expressivité encore plus loin.

M.A. : Ça n’était pas forcément possible de créer ce contraste auparavant, comme dans Mercy, par exemple, qui avait des thématiques différentes, plus sérieuses, finalement.


Mais justement, pourquoi Sweet Paprika, à ce moment-là ? C’est tellement poussé dans l’expressivité qu’on a le sentiment que c’était vital, important pour vous.

M.A. : Quand je dessine Paprika, je m’amuse tellement. C’est un style où je me libère complètement. Dans Paprika, ça n’est pas le réalisme qui est important, mais l’expression et les dialogues. Il n’y avait aucune contrainte, je réalisais le projet que je voulais.

Extrait Sweet Paprika aux éditions Glénat

Extrait Sweet Paprika aux éditions Glénat
© Glénat 2023

Est-ce qu’il va y avoir une suite ?

M.A. : Disons que je dois y réfléchir, car pour l’instant je suis satisfaite du projet tel qu’il est. C’est pour cette raison que je fais tant de projets si différents. Car au bout d’un moment, je ressens le besoin de changer, sinon, je risque de m’ennuyer.

Il y a une telle liberté dans Sweet Paprika qu’on se dit qu’il va forcément y avoir d’autres envies de projets aussi personnels, non ?

M.A. : Absolument, par exemple dans mon prochain projet, j’aimerais combiner ce que j’ai fait dans Paprika, mais cette fois au sein d’une comédie d’horreur.

Avez-vous d’autres choses à nous confier à propos de Paprika ?

M.A. : Alors déjà, il va y avoir une version supplémentaire en Italie, Hot Paprika, plus explicite que Sweet Paprika, mais cette version n’est pour l’instant pas prévue en France. L’éditeur américain va aussi sortir une anthologie Black White & Pink qui accueillera de nombreux scénaristes et artistes internationaux qui exploreront la vie de Paprika.

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