Qui a tué l'idiot?

Une série de meurtres mystérieux terrorise les habitants d’un village. Qui peut être le monstre à l’origine de toutes ces morts ? En l’absence de coupable, tout le monde mène l’enquête quitte à lyncher des innocents ou à virer complètement barjot…

Au début du XX^e siècle, une succession de meurtres décime les habitants d’un petit village. Cette nuit-là, Anselme est le trente-deuxième assassiné. En six ans de carnage, il ne reste plus que soixante-seize villageois en vie et personne n’est encore parvenu à démasquer le meurtrier. Dans ces circonstances morbides, Lucien Lurette, théâtreux en quête d’inspiration, débarque au village. Là, il découvre que l’on bat des chiens pour faire pleurer les fidèles à la messe, que tout un chacun est rongé par de terribles remords et que la belle Lison ne se remet pas de la mort de l’idiot du village, première victime de la série de meurtres… Dans ce patelin de fous, qui a bien pu tuer l’idiot ?

Qui a tué l'idiot ? © Futuropolis, 2024

Prépublié dans le mensuel (À suivre) en 1995, Qui a tué l’idiot ? sort en album l’année suivante chez Casterman. Le succès est immédiat. Nicolas Dumontheuil remporte le Prix Goscinny en 1996 et l’année suivante l’Alph-Art du meilleur album au festival d’Angoulême. L’album étant épuisé depuis quelques années, les éditions Futuropolis ont décidé de le republier avec une nouvelle couverture et un dossier graphique comprenant des crayonnés et un épilogue bonus. L’occasion rêvée de se procurer ce classique du 9^e Art.

Qui a tué l’idiot ? c’est tout à la fois une fable grotesque sur la condition humaine et un concentré d’humour noir. Rappelant L’Arrache-cœur de Boris Vian, il pointe du doigt l’absurdité des comportements humains, l’égoïsme naturel de l’Homme et sa tendance toujours tardive à éprouver du remord (pour preuve l’épidémie de remordingue…). À mi-chemin entre le rire coupable et le rictus de malaise, l’intrigue ne laisse pas indifférent.

Enfin, s’il faut encore vous convaincre, le trait de Nicolas Dumontheuil est brillant d’expressivité. Ses paysages et ambiances bénéficient grandement de son travail en couleur directe. Qui a tué l’idiot ? c’est toujours aussi bon qu’en 1995.

Article publié dans le Mag ZOO N°96 Janvier-Février 2024