Le centenaire de la Première Guerre mondiale suscite un engouement énorme mais 14-18 se détache du lot. Cette fresque prévue en dix tomes sur les quatre années de commémoration du conflit avance sans temps mort. Le récit, solide, est sublimé par un dessin poétique. Ce qui n'est pas un luxe pour parler d'une si grande boucherie.
Huit amis sont embarqués dans la Grande Guerre. Mis à l'épreuve des tranchées et des horreurs de la Der des Ders, ils ne seront pas nombreux à survivre pendant que leurs femmes les attendent patiemment à la maison. Louis, Jacques, Maurice, Armand, Denis, Arsène, Pierre et Jules tentent de sauver leur peau dans l'enfer, la boucherie et la boue. L'arrivée des Sammies, les soldats américains avec leurs drôles de danses et leur chewing-gum, va mettre un peu de baume au cœur aux survivants.
S'il est des séries qui s'étiolent et se fatiguent sur la longue, 14-18 n'en est pas. Au fil des neuf premiers tomes, Corbeyran a mené son scénario tambour battant, sans temps mort ni superflu. Un récit dense et solide, façonné par les caractères marqués des huit personnages, héros de boue.
Le dessin plein de poésie d'Etienne Le Roux sied parfaitement à cette série au long cours. Le trait a une double force : il contribue à bâtir un dessin très attractif, plein de dynamisme, tout en laissant une grande place à l'imaginaire pour permettre au lecteur de lire dans les interstices, les silences graphiques. Tout ce qui ne se voit pas, s'imagine et participe à la force de l'ensemble.
Démarrée en septembre 2014, cette belle série s'achèvera avec le dixième et dernier tome qui paraîtra à l'aube du 11 novembre 2018, cent ans jour pour jour après la fin du premier conflit mondial. 14-18, c'est aussi l'amitié et l'amour, les sentiments humains qui nous animent et sont mis à la rude épreuve des combats.