Allons-y. Franco. Voilà une des plus belles créations sur la Der des ders. Déjà parce qu'elle s'attache à en raconter les prémices dans un scénario rondement dirigé, couplé à un graphisme séduisant. Mais aussi parce que la Grande Guerre y est incarnée avec une humanité sans bornes. Ces premiers Poilus auraient pu être moi, vous, nous. Carton plein.
Pierre, Arsène, Armand, Louis, Maurice, Jules, Jacques et Denis. Ils sont huit. Huit amis aux caractères aussi tranchés que leurs compagnes. Ils ne se doutent pas encore à quel point la Première Guerre mondiale, qui éclate sous leurs yeux, va bouleverser leur vie. De la quiétude de leur petit coin de province à l'horreur des tranchées, il n'y a malheureusement qu'un pas.
L'ouverture de cette série d'Eric Corbeyran éclate comme un coup de canon. 1er août 1914. La vie de ce groupe de copains explose littéralement. Premiers combats, et, très vite, premiers doutes. Un scénario d'une sensibilité inouïe, d'une réalité crue. Après le départ, naît l'attente des compagnes, plusieurs à l'aube d'un heureux événement. Elles ne réalisent pas encore que, non, ils ne rentreront pas dans les semaines qui suivent.
Le coup de crayon d'Etienne Le Roux est affûté comme une baïonnette. Les couleurs s'étalent au plus juste pour donner à cette fiction l'intensité d'un véritable récit historique. C'est beau, terrifiant, troublant et incroyablement touchant. Et ça se sent dans ce dessin, à la fois rond, esthétique et en nuance. Il y a du Loisel dans l'idée, mais avec une patte très marquée de l'auteur.
Cette fresque s'attachera à gagner du terrain, année par année, et raconter la destinée des premiers Poilus. Cela commence avec beaucoup de superbe et le lecteur, avide, n'aura pas le temps d'être impatient : le deuxième tome est prévu cet automne. C'est l'année du centenaire, toute perte de temps est exclue. Pour mieux nous laisser celui de plonger dans l'aventure. Guerrière, mais diablement humaine.