Olivier Morel est cinéaste. Franco-américain, il a tourné en 2010 L’Âme en sang, un documentaire sur ces GI’s revenus d’Irak traumatisés, incapables de retourner à une vie normale. Avec Revenants et Maël au dessin, il raconte l’histoire de son film. Attention, ces fantômes ne vous laisseront pas indifférents.
Ils sont six vétérans, femmes et hommes. Ils ont fait la guerre, la guerre du Golfe, celle de l’invasion de l’Irak en 2003 et de la chute de Saddam Hussein. Embourbés, envahisseurs pour une cause qui sent le pétrole à plein nez, les « boys » deviennent les méchants, les cibles d’attentats, les tortionnaires de la prison d’Abou Ghraib. Ils témoignent et Morel note, décrypte. Ils étaient des gamins pour la plupart à leur arrivée à Damas. Syndrome post-traumatique, suicides, alcoolisme, c’est la réponse aux atrocités qu’ils ont vues, à celles qu’ils ont commises.
Du film à la BD documentaire, Olivier Morel a voulu compléter sa démarche, son propos. Le dessin rend plus facilement compte des cauchemars de ces soldats partis souvent la fleur au fusil dans un élan patriotique très américain. Leur guerre de l’après-11-septembre, se devait d’être courte et nette, sans bavures. Morel qui connaît bien les conflits en donne un récit de journaliste mais de journaliste très concerné. L’horreur est quotidienne, banale. A l’Est rien de nouveau.
Revenants, comme C’était la guerre des tranchées de Tardi, est un constat de plus, précis et implacable, de la stupidité des conflits. Une sale guerre en Irak ? Bien sûr, on le sait, comme au Vietnam, en Algérie, en Yougoslavie, en Syrie bientôt, mais il n’y a pas de guerre propre. Où est la frontière à ne pas franchir entre mourir pour une cause en Espagne en 1936, sur les plages d’Omaha Beach en 1944 et se faire tuer en Irak ? Difficile et complexe débat. Idéologie, fanatisme, intérêts, Morel donne des pistes. Personne n’a malheureusement les solutions.
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