La Faute au MIDI

Le 21 août 1914, l’armée française essuie une grande défaite contre l’armée allemande. Loin de se sentir responsables, les généraux décident de faire porter le poids de la défaite aux soldats méridionaux. Un choix qui sera lourd de conséquences, narré dans ce récit poignant malheureusement tiré de faits réels.

De nombreuses oeuvres s’appliquent à bien nous montrer l’horreur de ce suicide collectif, les assauts inutiles, les tranchées, le mépris de la vie humaine. Sur bien des aspects, cet album ressemble aux autres. Cependant, il se détache du lot en nous proposant le récit d’un épisode particulièrement méconnu de cette guerre.

En ce 21 août 1914, les généraux français envoient des milliers d’hommes de Lorraine et de Provence, armés de baïonnettes, se battre contre des Allemands armés de canons. Ce fut bien sûr un massacre et une défaite cuisante qui ouvrirent cette guerre que les généraux se faisaient forts de terminer en trois mois. Loin d’assumer leur aveuglement et leur tactique arriérée, ils font porter le chapeau aux combattants méridionaux. La raison d’Etat, le mécanisme de la rumeur et de la haine font le reste pour faire mourir deux hommes pour rien.

Le scénario de Jean-Yves Le Naour déroule avec précision les faits et l’injustice que vont subir deux soldats en particulier. Nous refermons cet album la gorge nouée et le cœur révolté. Le cahier pédagogique en fin d’ouvrage n’apporte pas grand-chose de nouveau mais se veut indispensable dans ce genre d’ouvrage.

Le dessin semi-réaliste au trait simple est d’une efficacité redoutable pour donner corps à cette tragédie. A. Dan a su exploiter toute l’étendue de son talent pour mettre en avant l'Histoire, aussi injuste et dure soit elle.

La faute au Midi marque par sa mise en scène de la lâcheté ainsi que de l’aveuglement humain et des Etats.