Choisir d'aborder en BD la Der des ders sans tomber dans le classique voire le banal, c'est louable. L'histoire de ces soldats italiens qui combattent les Austro-Hongrois dans un paradis blanc qui devient vite un enfer perd pourtant assez vite de son souffle. Mais le dessin puissant et précis de Charlie Adlard remporte la mise.
Front italien, 1916. Le soldat Pietro découvre ce que la Grande Guerre inflige à ses montagnes natales. Les batailles face aux Austro-Hongrois redoublent. Comme un supplément à la violence, la cruauté et la douleur du combat, il y a ici celle que les montagnards nomment « la mort blanche », l'avalanche provoquée par un coup de canon. La dangerosité du milieu frôle le sommet de la boucherie qui s'y déroule. Belle métaphore.
Le scénario de Morrison, bien échafaudé, montre hélas vite un manque de solidité. Cette histoire rugueuse s'ouvre sur une pointe de douceur et de poésie dans la force et l'omniprésence des sommets et du conflit. Mais, comme en altitude, elle manque de souffle. Difficile de s'attacher aux personnages dans un récit trop court qui ne laisse ni la place, ni le temps à un lecteur frustré.
Graphiquement par contre... La mort blanche est une ode au dessin. Le travail d'orfèvre de Charlie Adlard, le dessinateur de The Walking Dead, explose dans un mélange de craie et de fusain couchés sur papier gris. Le rendu idéal pour illustrer au plus près une tranch(é)e de guerre. La représentation de l'enfer sur terre jouit ici d'un sens du mouvement criant de réalisme.
Le manque d'accroche du scénario sur la longueur est atténué par l'idée novatrice de traiter la Première Guerre mondiale sous un angle nouveau. Son graphisme extraordinaire fait de La Mort blanche une bande dessinée qui sort du lot en cette année de centenaire.
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