Madame Livingstone

1915. Gaston Mercier, pilote belge, doit bombarder un bateau allemand sur un lac au Congo belge. Madame Livingstone, métis né de l'amour entre un fameux explorateur belge et une Congolaise, va lui servir de guide. Un roman d'aventure plein d'humanité et une juste critique de la colonisation.

L'aviateur belge Gaston Mercier doit couler un cuirassé allemand sur le lac Tanganyika, au Congo. Afin de repérer la position de ce bâtiment qui deviendra après-guerre le plus vieux ferry du monde, l'armée lui confie Madame Livingstone. C'est le surnom d'Alexis Livingstone, curieux métis au kilt écossais. Il est le fruit de l'union du célèbre David Livingstone et d'une Congolaise.

Le scénario de Christophe Cassiau-Haurie ramène la guerre au plan de ceux qui la font : les Hommes. A travers le mystère du personnage, son passé énigmatique mais aussi l'ouverture d'esprit et la rare bienveillance de l'aviateur belge envers les Africains, cette bande dessinée approche une partie inconnue de la Der des ders.

Le dessin nature fait ton sur ton avec les levers et couchers de soleil sur le lac, la végétation luxuriante. La mise en couleur directe dégage cette chaleur que seuls crayons et craies grasses savent donner. La lumière, omniprésente, est essentielle dans le rythme, en particulier au cours de scènes nocturnes très réussies. Il est même possible de saisir les restes du crayonné, vestiges d'un travail authentique.

Les cahiers graphiques deviennent monnaie courante : qui s'en plaindrait lorsqu'ils sont justifiés, bien réalisés et offrent un vrai prolongement à la lecture ? Le Zaïrois Barly Baruti développe le neuvième art en Afrique. Il organise notamment le premier salon Afro BD à Kinshasa. Ce genre de roman graphique, inspiré de sa véritable histoire, ne peut que contribuer à apporter des lettres de noblesse à cet art sur un continent où il est encore trop peu connu.