Ray Banana, l'anti-super-héros de Ted Benoit, revient dans un recueil d'aventures particulières. Notre homme s'est retiré des affaires et du milieu pour philosopher sur une île. Au programme, quatre-vingts leçons de réflexion. Quatre-vingt façons d'aborder des concepts loufoques et absurdes. Quitte à toucher le fond de la piscine.
On connaissait la philosophie de comptoir, abreuvée de réflexions existentielles mûries le coude au zinc. Ray Banana, super-héros de seconde zone, donne une nouvelle vie à cette philo de proximité, aux maximes de troquet. Après une carrière dans des activités peu recommandables, c'est sur l'île de Pitcairn, entouré de chèvres et de descendants des révoltés du Bounty, qu'il égraine ses bonnes phrases.
Il a ce don pour poser les questions qui fâchent, interroger l'humain sur ses pensées et réactions les plus viles et le pousser dans ses retranchements. Bref, en un mot comme en cent, pour foutre le bronx à coup de tournures bien senties sur la vie. Sur tout, sur rien, surtout sur rien.
Le progrès, le capitalisme, le sexe, la vérité, la rhétorique, le grain de sable permanent ou encore la gare de Perpignan sont autant de thématiques croquées en une planche dans les quatre-vingt que compte ce petit roman graphique. La ligne claire de Ted Benoit donne vie à ce héros de seconde catégorie, au verbe fleuri et à l'humour absurde. Loufoque, foldingo, Ray Banana ne fait pas rire aux éclats mais passer un bon moment. Sourire.
Dans la piscine, la philo est à nu. Point de grandes phrases ni d’apparats, on vient tous en maillot. La réflexion de ce personnage décalé est avant tout populaire, à la portée de chacun. Ce recueil est un bon livre de chevet pour qui veut à l'occasion penser et réfléchir mais en toute détente. Et piquer une tête.