Le cadavre et le sofa

Un village de campagne en été, un enfant disparu et c’est le désert. Plus personne dehors. L’ennui s’installe mais Polo finit par rencontrer Sophie et là, un nouvel univers fort et étrange s’ouvre à lui. Un conte merveilleux pas si macabre que ça, quoique...

Cet album si particulier est un OVNI dans les parutions de cette rentrée. Son récit nous met dans les pas de Polo, un jeune garçon qui s’ennuie. Il bat la campagne où il ne rencontre plus personne depuis la disparation du jeune Christian. Il finira par croiser Sophie, une jeune fille mystérieuse aux formes délectables. Tous deux vont vivre un été fait d’expériences autour de l’amour, du sexe, de la disparition, de loups-garous, de cadavre et de fantasmes.

Ce mélange détonnant nous est servi avec un ton indolent et naïf de fin d’été, qui illustre parfaitement le passage de l’enfance à l’âge adulte. Tout s’enchaîne simplement, comme une évidence. Les deux protagonistes principaux et le lecteur vivent, avec un pincement au cœur, ces moments rares et précieux où l’on est plus tout à fait l'un mais pas encore totalement l'autre.

Le dessin, tout en pastel, oscille entre naïveté du trait et dureté de certaines réalités. Sa grande douceur induit un décalage volontaire entre les traits et les âges des protagonistes. En le soulignant discrètement, le graphisme transmet beaucoup de messages et d’émotions. L’ensemble résonne fortement en nous par les souvenirs sensibles de la fin de l’enfance qu’il fait remonter.

Ce conte s’adresse donc à tous ceux dont la sensibilité permet de décrypter de belles et terribles choses.