Le Professeur Moriarty se sacrifie pour empêcher les anciens dieux de fouler la Terre et ces derniers l’attirent sur leur monde pour lui faire payer. Aussi risible que semble ce synopsis, il est fascinant de voir Sylvain Cordurié et Andréa Fattori réussir le pari et rendre ce coch des titans, Cthulhu contre Moriarty, palpitant du début à la fin.
Désormais réceptacle du Nécronomicon de Londres, le Professeur Moriarty est torturé sans relâche par les anciens dieux, énervés par leur échec face au Professeur et son rival Sherlock Holmes dans les tomes précédents. Mais le machiavélique Mortiarty a plus d’un tour dans sa caboche et parvient à retrouver le chemin de Londres, aux tentacules et à la barbe de ses geôliers.
La force du choix scénaristique de Sylvain Cordurié dans ce premier tome est de plonger le lecteur dans les pensées du Professeur Mortiarty. Quel régal de voir les réactions du plus grand génie du crime de la littérature anglaise face aux plus terribles des monstres de la littérature américaine. Les analyses du professeur sont d’une froideur et d’une efficacité qui évitent le pathétique dans lequel les scènes de torture auraient pu dangereusement basculer.
Les dessins d’Andrea Fattori font leur travail, oscillant d’un univers apocalyptique dominé par les anciens dieux vers le Londres et le Naples de l’époque victorienne. Les traits des personnages humains plongent le lecteur dans une ambiance classique qui détonnent efficacement avec les monstres issus de l’imaginaire lovecraftien. Accompagné des couleurs d’Axel Gonzalbo, l’ensemble du tome est graphiquement plaisant, sans prendre énormément de risques.
Le défi de confronter encore les mondes de Sir Arthur Conan Doyle et de H.P. Lovecraft était hautement périlleux. Il est très bien relevé dans ce premier tome consacré à Moriarty mais définitivement déconseillé aux non initiés.