Beta... Civilisations

A l’instar de Rome, l’humanité ne s’est pas faite en un jour. En 350 pages d’images ? Jens Harder relève le défi… jusqu’à l’an 1. Avant d’ouvrir BETA… civilisations, regardez votre montre et constatez ces aiguilles qui définissent votre temps quotidien… puis demandez-vous : que devient l’Homme dans tout ça ? C’est le moment d’ouvrir l’album…

Ambitieux ? Le mot est faible.

Le Grand Récit de Jens Harder démarré avec ALPHA… directions (publié en 2009) continue avec BETA… civilisations. Désormais, le sujet n’est plus l’Univers, le système solaire ou l’émergence de la vie, mais l’Homme, ses origines, ses actes… ce qui le définit. Bref… une Histoire qui commence en Afrique. Continent au sein duquel vit un animal qui se distingue des autres. Un primate curieux, aventurier, voyageur, inventif, destructeur et bâtisseur. Cette espèce s’est intéressée à la nature, en a bravé les obstacles les plus hostiles et en a exploré tous les continents. Cet animal a maîtrisé le feu et créé l’outil. Il a même été jusqu’à massacrer ses semblables les plus lointains comme les plus proches… tout cela pour bâtir ses civilisations.

Beta... Civilisations t.1
©Actes Sud, 2022

L’Histoire mais en peu de mots. Jens Harder se contente du minimum en termes explicatifs. Parfois une petite phrase viendra donner un contexte sur la période. Et entre deux grands chapitres temporels viendra s’intercaler une petite liste de dates d’évènements importants, représentatifs des connaissances acquises jusqu’ici. BETA… civilisations est une photographie prise de l’Histoire de l’humanité en ce début de XXIème siècle. Ce qu’on en sait. Ce qu’elle nous évoque. Ce qu’on en raconte. Et de cette photographie, Harder en tire 2000 images dessinées dans une peinture brillante… presque métallique. Comme si le récit de l’humanité ne devait pas simplement s’écrire, mais se graver à même la roche, à même le métal, malgré le papier… à l’épreuve du temps.

Mais la démarche de Jens Harder à vouloir aborder les facettes de l’humanité dans le monde entier se heurte au support choisi et la condition occidentale de son auteur. Support d’une part : 350 pages (à savoir 2000 images) ne suffisent évidemment pas à raconter le grand récit de l’humanité. Jens Harder a donc choisi l’an 1 du calendrier Grégorien pour terminer son premier volume de BETA… civilisations (d’où sa condition d’occidental). Un deuxième volume viendra compléter le récit de l’Homme… et ce choix s’avère d’un grand pragmatisme. Contrairement à ALPHA… directions où les informations remontent (logiquement) à des temps immémoriaux (donc choisis de façon plus synthétiques), la deuxième partie du Grand Récit s’intéresse à des éléments plus proches de nous (temporellement parlant) donc avec plus d’informations susceptibles de nous évoquer quelque chose de parlant.

Car au-dessus de tous ces peuples, tous ces royaumes, tous ces empires et toutes ces civilisations, un monarque prévaut : le temps. Il gouverne tel un impitoyable tyran, imposant naissance et mort, amour et deuil, guerre et paix, apogée et chute. Que peut-on sauver d’un tel processus ? 
La mémoire du temps qui s’écoule ? Peut-être…