Entrez dans le cerveau d’Enki Bilal
Situé à Landerneau, dans le Finistère, le Fonds Hélène & Edouard Leclerc pour la Culture multiplie les grandes expositions. Et avec un mordu comme l'est
6 octobre 2020
-Interview
Éditeur : Casterman
Scénario : Enki BilalDessin : Enki Bilal
Genres : Science-Fiction
Public : À partir de 16 ans
Prix : 18.00€
Scénario
4.0Dessin
5.0Dans un ciel sens dessus dessous ponctué d’immenses masses nuageuses aux allures menaçantes progresse le Zeppelin sinistré Garbage et son équipage incongru : un couple de passagers de hasard embarqués à Tanger, Anders Mikkeli et Esther Roblès, deux jumelles orphelines sujettes à de mystérieuses crises de citations littéraires, leur garde du corps et le cadavre démembré du pilote de l’appareil, suspendu à ce qui reste de sa nacelle détruite.
Dans les soutes, un mélange de déchets nucléaires instables et d’armes atomiques en état de marche, indice probable des visées terroristes du Garbage. Balloté au gré de la violence des vents, ses équipements verrouillés sur navigateur automatique, l’aérostat semble totalement livré à lui-même, et pourtant… Pourtant quelque chose suggère qu’il y a peut-être là un dessein, une volonté, une direction. Car au même moment, nombre des personnages croisés au fil des deux précédents...
Les différents protagonistes de la trilogie de Enki Bilal arrivent au terme de leur périple qui voit la nature se débarrasser de tout ce qui l’encombrait, une grande partie de l’humanité comprise… Une fin grandiose un peu farfelue mais accompagnée d’un dessin sans faute du grand maître du neuvième art.
L’œuvre d’Enki Bilal revêt aujourd’hui beaucoup d’aspects, dont le cinéma et la peinture ne sont que quelques exemples. Mais c’est dans la BD que cet artiste s’est révélé et La Couleur de l’air nous le rappelle. Nous y suivons des groupes de survivants à la dérive, parfois au sens propre, parfois entrainés par le destin vers une destination qui leur est inconnue. Ce long voyage prend fin avec le rassemblement des élus de la Terre.
Le dessin de Bilal est égal à lui-même, un vrai chef d’œuvre. Chaque vignette porte en elle une composition comme il est rare d’en observer et les couleurs, notamment le bleu est magnifique. Cependant, les liens entre les cases sont parfois difficiles à percevoir. La technique de composition de Bilal, qui consiste à dessiner chaque case indépendamment pour les assembler ensuite sur la page tend à rigidifier certaines planches et complexifie la compréhension de l’histoire.
C’est ce point qui dérange le plus. Le lecteur se perd parfois d’une page à l’autre et certains points du scénario nécessitent d’avoir lu Animal’z ainsi que Julia et Roem pour être en mesure de les apprécier pleinement.
La Couleur de l’air n’en reste pas moins une BD exceptionnelle qui assied un peu plus, s’il le fallait, la position d’Enki Bilal comme maître graphique.